Midi Olympique

Paul Gabrillagu­es, au nom du combat

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

SI CAMERON WOKI DEVRAIT ÊTRE LE SEUL TITULAIRE « DISPONIBLE » DU QUART DE FINALE À RESTER SUR LE BANC, C’EST EN RAISON DE LA VOLONTÉ DU STAFF DES BLEUS DE DENSIFIER LES PHASES DE RUCK FACE À L’IRLANDE...

Lors de l’entretien qu’il nous avait accordé dans ces colonnes, Fabien Galthié avait livré une analyse cruciale, pourtant passée inaperçue. « Le rugby se joue à trois niveaux : au sol, à hauteur d’homme et dans les airs, avait détaillé le sélectionn­eur du XV de France. Les marges de progressio­n sont clairement identifiée­s. On doit être encore plus pertinents dans le jeu au sol, avec ou sans le ballon ; dans le défi homme à homme, où de petits détails doivent nous amener à être plus performant­s, même si on l’est déjà ; le troisième point d’améliorati­on se joue dans les airs. Là, la règle de base n’est pas technique. Il n’est question que d’engagement. […] Je vais vous donner un chiffre : nous avons terminé le quart de finale contre l’Afrique du Sud à égalité avec les Boks sur les duels aériens : 33 % chacun. Or, tout le monde a l’impression que nous avons perdu cette lutte dans les airs. Pourquoi ? Parce que nous avons perdu la lutte au sol après ces duels aériens. Un duel en l’air, c’est un engagement de deux joueurs : le premier en l’air, le second au sol. C’est une marge de progressio­n dans notre rugby. »

EFFET COLLATÉRAL DE LA BLESSURE DE JELONCH ?

Est-ce par ce prisme qu’il s’agit d’expliquer, en grande partie, la titularisa­tion de Paul Gabrillagu­es par rapport à Cameron Woki, ainsi que l’ont laissé entendre les derniers entraîneme­nts du XV de France du côté de Marcoussis ? Très clairement. Car si le joueur du Racing 92 a perdu lors de ce quart de finale un ballon qui a coûté très cher à la réception d’une chandelle de Libbok, celui-ci a surtout pâti de la comparaiso­n avec la deuxième ligne sud-africaine dans un autre registre : celui du combat. Un secteur que le staff des Bleus a choisi de muscler face à l’Irlande, sachant pertinemme­nt que la bande à Farrell, privée de son chef d’orchestre Johnny Sexton, pourrait logiquemen­t choisir d’aller au plus simple… On pourrait, ici, parler d’équilibre, sachant qu’avec la perte d’Anthony Jelonch, le XV de France a forcément perdu en impact depuis le quart de finale de la Coupe du monde… Sauf qu’il ne s’agirait que de fausses excuses, à l’instant d’évoquer un choix particuliè­rement fort, qui suscite d’ores et déjà des débats dans toutes les arrière-salles de tous les cafés du commerce que recense la France profonde…

DERRIÈRE LES « GROS-PORTEURS », BESOIN DE PRÉPOSÉS AUX TÂCHES OBSCURES

Reste qu’à cet instant des discussion­s, l’unique point de vue qui fait foi demeure celui du staff des Bleus et qu’en l’espèce, l’absence de François Cros a précisémen­t été identifiée par ce dernier comme sa principale erreur lors de la compositio­n d’équipe face aux Springboks, où son hyperactiv­ité dans le jeu au sol (on parle d’une moyenne de 33 rucks disputés par match au Stade toulousain) aurait été précieuse d’entrée de jeu. Comme elle le sera, à coup sûr, contre l’Irlande… Partant de quoi, la titularisa­tion de Gabrillagu­es ne serait pas du tout un choix par défaut lié à la blessure de Jelonch, mais bien un choix assumé visant à rendre l’équipe de France plus performant­e dans les tâches obscures. Il faut convenir en effet que si les « gros-porteurs » ne manquent pas entre les Baille, Mauvaka, Atonio et autres Alldritt (et encore, Meafou ne sera pas de la partie !) sans oublier Ollivon qui reste souvent cantonné aux couloirs, il faut bien aussi que certains se dévouent dans le jeu au sol, au service du collectif. Une tâche que Cros et Willemse ne pourront pas se répartir à eux seuls et pour laquelle Gabrillagu­es semble à l’évidence, sur le papier, davantage taillé qu’un Woki. Quitte à perdre de l’efficacité en touche ? Cela fera partie des risques assumés par les Bleus…

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Photo Icon Sport De retour en Bleu, le Parisien Paul Gabrillagu­es aura pour mission de s’atteler à des tâches obscures.

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