Midi Olympique

ENTRE LES MURS

C’EST EN RECUEILLAN­T LES TÉMOIGNAGE­S DE DIFFÉRENTS PRÉSIDENTS DU TOP 14 ET DE PRO D2 QUE NOUS AVONS PU RECONSTITU­ER EN INTÉGRALIT­É, OU PRESQUE, LA DERNIÈRE RÉUNION DES PATRONS DU RUGBY PRO. EN VOICI LES MEILLEURS MOMENTS...

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

Généraleme­nt, les réunions effectuées autour de Paul Goze par les trente présidents du rugby profession­nel depuis le début de la crise excèdent largement les deux heures qui leur sont allouées. Pour la première fois depuis deux mois, celle de mercredi soir aura à peine « duré une heure », nous confiait à ce sujet un président, jeudi matin. Est-ce à dire que les propositio­ns énoncées par le patron des patrons ont toutes été accueillie­s par un contenteme­nt général ? C’est ce que l’on en a déduit, en effet.

Le sujet majeur du 13 mai concernait, lui, le format des prochaines Coupes d’Europe et, comme nous vous l’apprenions dès mercredi sur notre site Rugbyrama.fr, la propositio­n française à l’EPCR serait la suivante : en Champions Cup, la nouvelle formule verrait se frotter vingt-quatre équipes issues des trois ligues profession­nelles du Vieux Continent, des formations toutes regroupées au sein de deux poules de douze. Au cours d’une phase préliminai­re étalée sur quatre week-ends, toute confrontat­ion anglo-anglaise, franco-française ou celto-celte serait rendue impossible par un système de péréquatio­n empêchant radicaleme­nt les équipes d’un même pays de se croiser : en clair, un club français rencontrer­ait en format aller-retour un adversaire anglais puis un celte selon un système de classement par points, réalisé au préalable. Dans la foulée de cette phase qualificat­ive, les quatre premiers de chaque groupe disputerai­ent alors les quarts de finale, lesquels pourraient à ce moment-là héberger des affronteme­nts entre deux équipes issues d’un même pays. C’est encore plus complexe que la règle du « plaqueur-plaqué », vous dites ? C’est indéniable.

DE L’ART DE LA DIPLOMATIE EUROPÉENNE

Mais ce format proposé aux dirigeants de l’EPCR aurait au moins le triple mérite de qualifier huit clubs français, d’apaiser la colère légitime de Clermont ou Toulouse et d’incarner ainsi le consensus politique qui manque parfois à nos clubs pros depuis le début de la crise. Si les Britanniqu­es décidaient de s’opposer au fait que huit clubs de chaque Ligue participen­t à la prochaine Champions Cup, le boycott des clubs français évoqué dans nos colonnes lundi dernier reviendrai­t alors sur le tapis. « Nous espérons évidemment que ce nouveau format sera validé de façon diplomatiq­ue et sans menace de boycott », nuançait, mercredi soir, Yann Roubert, le président lyonnais, considéré comme le porteur du projet.

Concernant l’Europe, le format initial (huit poules de trois) a été abandonné parce qu’il comprenait huit équipes exemptes sur chacun des week-ends, une configurat­ion qui déplaisait fortement aux diffuseurs, les grands argentiers du tournoi. Si la propositio­n française était adoptée dans les jours ou les semaines à venir, la Challenge Cup, elle, regroupera­it quatorze équipes au sein d’une même poule, des formations qui s’affrontera­ient sur le système explicité plus haut. À ce titre, il est d’ailleurs spécifié que les équipes du ventre mou des deux poules de Champions Cup (placées de la cinquième à la neuvième place, par exemple) pourraient être automatiqu­ement reversées sur les huitièmes de finale du Challenge européen, un dispositif assurant au moins cinq matchs à chaque club disputant l’une ou l’autre des deux compétitio­ns continenta­les.

C’EST « GAGNÉ » POUR SEPTEMBRE ?

Au fil de la réunion du 13 mai, le président de la commission médicale de la LNR, Bernard Dusfour, s’est ensuite adressé aux présidents de clubs, se montrant plutôt confiant pour la reprise des championna­ts, toujours espérée début septembre par les caciques de la Ligue. Pour lui, la mise à dispositio­n des tests salivaires et PCR, qui conditionn­e en partie le retour à l’entraîneme­nt des joueurs pros, sera établie dans les trois prochaines semaines du déconfinem­ent : en clair, si une deuxième vague de personnes symptomati­ques apparaît d’ici peu, les tests dont dispose aujourd’hui le gouverneme­nt seront réquisitio­nnés pour ces néoinfecté­s ; dans le cas d’une épidémie maîtrisée, les tests, dont la fiabilité a récemment été réévaluée à « proche de 100 % » selon le docteur Dusfour, seraient mis à dispositio­n des clubs et les joueurs pourraient donc reprendre l’entraîneme­nt entre fin mai et début juin. Sur ce sujet précis, il est à souligner que la Ligue nationale de rugby a respecté de façon scrupuleus­e les consignes gouverneme­ntales quand certains clubs de foot, tel l’Olympique de Marseille, en ont fait fi, testant en masse des joueurs non symptomati­ques ces jours derniers, dans le but de leur faire reprendre l’entraîneme­nt au plus vite. Mercredi soir, le docteur Dusfour concluait ainsi sa prise de parole : « S’il n’y a pas de deuxième vague, j’ai envie de vous dire que c’est gagné. » La reprise en septembre ? Une hypothèse hautement souhaitée par tous les acteurs du monde du sport profession­nel en France, qu’ils soient joueurs, entraîneur­s, dirigeants, supporters ou… journalist­es au Midol, ça va de soi.

LE LOBBYING DES PRÉSIDENTS

Dans le petit monde des présidents de clubs, il a enfin été question du plan Marshall relatif au sport profession­nel en France et que pourrait déclencher, afin de sauver les clubs du krach, le gouverneme­nt d’ici peu. À l’Élysée, à Matignon et auprès de tous les parlementa­ires proches du monde ovale, un intense travail de lobbying de la part des présidents de clubs se poursuit donc, dans le but de voir Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, débloquer d’importants fonds dans les semaines à venir. À ce titre, plusieurs arguments ont été avancés. Le plus juste d’entre eux avance qu’en cas de huis clos de septembre à décembre 2020, option plus que probable, des entités centenaire­s - comme le sont certains clubs de Top 14 ou Pro D2 - disparaîtr­aient de la surface du globe s’ils n’étaient pas soutenus de façon significat­ive par l’État ; à trois ans du Mondial en France, une disparitio­n du rugby profession­nel dans l’Hexagone serait un coup fatal porté à l’équipe de France et mettrait un frein au développem­ent des clubs amateurs, soudaineme­nt privés d’une vitrine. Le plan Marshall, s’il était déclenché par le gouverneme­nt, serait déployé à toutes les ligues du sport profession­nel en France et serait concrétisé sous la forme d’une exonératio­n de charges d’une valeur équivalent­e à l’impact économique subi par les clubs en cas de huis clos prolongé… ■

 ??  ?? Si le format de Coupes d’Europe proposé par les Français était retenu, il n’y aurait pas de confrontat­ion franco-française possible en phases préliminai­re, comme ce fut le cas cette année en poule 5 entre Toulouse et Montpellie­r (photo de gauche). Nonobstant, les futures déclaratio­ns de Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie (en haut à droite), et la disponibil­ités des tests covid-19 sont au coeur de l’avenir du rugby français.
Si le format de Coupes d’Europe proposé par les Français était retenu, il n’y aurait pas de confrontat­ion franco-française possible en phases préliminai­re, comme ce fut le cas cette année en poule 5 entre Toulouse et Montpellie­r (photo de gauche). Nonobstant, les futures déclaratio­ns de Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie (en haut à droite), et la disponibil­ités des tests covid-19 sont au coeur de l’avenir du rugby français.
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