Midi Olympique

... Le staff face à ses manques

- Par Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Question simple : comment des joueurs dominants en Top 14, dont la sélection initiale ne faisait pas grand débat il y a un mois, se sont si vite transformé­s en déceptions majeures ? Que Morgan Parra et Camille Lopez aient sombré face à l’Angleterre, il y a cinq jours, est une évidence factuelle. Leur associatio­n, à l’annonce de la liste, ne faisait pourtant que peu débat, pour deux joueurs expériment­és et habitués à évoluer ensemble au niveau européen, avec les campagnes clermontoi­ses que l’on sait.

Dans la même veine, les trois-quarts toulousain­s propulsés dimanche dans l’enfer de Twickenham n’avaient jamais semblé tant en difficulté lorsqu’ils ont affronté, cette année, Bath et les Wasps en Champions Cup. Les Rochelais se sont parfois promenés sur les pelouses anglo-saxonnes en Coupe d’Europe. Les Racingmen restent eux sur deux finales continenta­les en trois ans.

Comment toutes ces individual­ités peuvent-elles s’écrouler dès lors qu’elles enfilent le maillot bleu ? Le XV de France est devenu une machine à broyer ses joueurs. Pas de repères, pas de plan de jeu. Et un management des hommes coupable. Sur ce point, Eddie Jones tenait un discours éclairant, après la victoire éclatante du XV de la Rose en Irlande. « Mes joueurs savent tous déjà très bien jouer au rugby. Mon travail, ce n’est pas de leur apprendre. C’est de leur donner un plan de jeu clair et de leur construire un environnem­ent favorable, qui leur permettra d’exprimer leurs qualités au mieux. » Ce contexte n’existe pas, en Bleu. Et les joueurs s’en sont plaints. Pendant un temps, ce fut loin des conférence­s de presse, rapportant à leurs entourages le niveau d’improvisat­ion ambiant en équipe de France, le manque de contenus et la légèreté du cadre... Pour la première fois, à Twickenham, les critiques envers le staff ont ajouré face aux micros. Elles ont aussi infusé dans l’intimité des Bleus, dimanche soir dans leur hôtel de la grande banlieue de Londres. Comptant parmi les plus expériment­és, c’est Morgan Parra qui a finalement assumé de les porter directemen­t aux oreilles du sélectionn­eur, comme l’évoquait RMC cette semaine. Cette équipe, effectivem­ent, en avait bien besoin.

LAPORTE SOLLICITÉ EN INTERNE POUR REMETTRE LE SURVÊTEMEN­T

Ces manques, récurrents, les résultats catastroph­iques des Bleus les mettent en lumière. En interne, d’autres les ont aussi remarqués. Dans le premier cercle qui entoure Bernard Laporte à la FFR, quelques-uns, en début de semaine, ont bien tenté de le convaincre de remettre le survêtemen­t d’entraîneur-sélectionn­eur, pour sauver ce qui pouvait encore l’être. « Hors de question » affirme Laporte, qui ne veut pas laisser vide le fauteuil de président, pas plus qu’il n’est décidé à dévoyer la fonction en occupant un double rôle digne de l’autre siècle. Toutefois, cette tentative en dit beaucoup sur la vacuité qui entoure la sélection, l’absence de direction et de projet fédéral en dehors de la seule personnali­té de Laporte... Assez pour provoquer très rapidement l’arrivée d’un renfort au sein du staff (lire en page 2). ■

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