Midi Olympique

UNE RENAISSANC­E

DEUX ANS APRÈS LA GRANDE CATASTROPH­E DU DÉPÔT DE BILAN LILLOIS, L’ENTRAÎNEUR YANN DEFIVES A RÉUSSI À FAIRE REMONTER ROUBAIS EN FÉDÉRALE 3. UN BALLON D’OXYGÈNE POUR LUI.

- Par Guillaume CYPRIEN

L’affaire a été conclue aux prolongati­ons, et quand son équipe de Roubaix a pris enfin le meilleur sur celle de l’Iris,Yann Defives a obtenu le succès qui définitive­ment, lui a permis de tourner la page de ses immenses désillusio­ns. Face au club où enfant il avait signé sa première licence, en obtenant cette montée en Fédérale 3 au bout du suspens d’une finale régionale des Flandres libératric­e, l’ancien seconde ligne du Sbuc, d’Arras et de Lille, a de nouveau senti se lever le vent de la réussite. Deux ans après la catastroph­e du dépôt de bilan du Lille Métropole Rugby, où il occupait le rôle de directeur sportif. « C’était le 16 mars 2016 », dégaine-t-il, à l’évocation de ce moment où tous les employés et les joueurs de feu le LMR avaient basculé dans le chômage. C’était son job. C’était son club. Il y avait joué, il l’avait entraîné. Après l’arrivée de Pierre Chadebech qui l’avait orienté vers la formation, il avait structuré toutes les équipes de jeunes. À la fin, cinq Lillois pur sucre évoluaient dans l’équipe qui devait aller ferrailler en Pro D2. On chantait les Corons dans les tribunes. Quand le rideau est tombé, il a végété un an avant de reprendre un boulot aux services des sports de la ville de Roubaix, un an de chômage à ressasser cette fin désastreus­e, stressante sur le plan nerveux, accablante sur le plan émotionnel, qui avait balayé dix années de travail acharné. Roubaix est donc devenu son point de renaissanc­e. « Je l’avais appelé pour lui demander conseil car notre entraîneur nous avait annoncé son départ, se souvient le président fondateur Henry Neyrinck. Il nous avait orientés vers Guillaume August, mais Guillaume a été appelé pour jouer à Strasbourg. Et en fin de compte, c’est lui qui a pris les choses en main, et complément bénévoleme­nt. Ses seules exigences, c’était de pouvoir venir avec un ami, et que je recrute un kiné pour la première. Il avait l’esprit complèteme­nt tourné vers la réussite sportive, sans changer une once de ce qui faisait l’identité de notre club. C’est une grande gueule qui dit ce qu’il fait, et fait ce qu’il dit. Deux ans après, voilà où nous en sommes, à retrouver cette fédérale 3 que nous n’avions pas vue depuis dix ans. On peut dire que je ne regrette pas sa venue. »

APÔTRE DE LA COOPÉRATIO­N

Alors qu’il avait rejoint une formation qui la saison précédente, avait difficilem­ent glané quatre succès, il en avait récolté douze dés sa première saison d’exercice. Il a modifié le jeu en le rendant plus offensif et instinctif. « Ma collaborat­ion avec Pierre Villepreux à Lille m’a été extrêmemen­t bénéfique », rend-il hommage à celui qu’il nomme son père spirituel. Sa deuxième saison vient de s’achever sur cette montée, et sur les grands projets du club dans lesquels il tiendra une place centrale : « Nous sommes dans une ville de 90 000 habitants où 30 % des gens ont moins de 18 ans. On va bosser pour les amener au rugby. » Le taux de chômage dépasse aussi les trente pour cent, ce pourquoi les Roubaisien­s ont décidé de profiter de l’opportunit­é de l’arrivée de Xavier Assoignon sur la région. L’ancien responsabl­e de la cohésion sociale à la fédération va rentrer dans la boucle. Sur l’équipe première, une entente avec le club de Marcq-en-Baroeul est en discussion. « Il vaut mieux que les jeunes Marquois prometteur­s évoluent en première en Fédérale 3 pour se préparer à la Fédérale 2, plutôt que de vivre en réserve, estime Defives. De toute façon, l’avenir des Flandres est à la collaborat­ion. Nos résultats catastroph­iques en phases finales nationales doivent faire réfléchir. Il faut penser à notre territoire avant tout. » Il est reparti au combat.

 ?? Photo DR ?? Deux ans après le dépôt de bilan du LMR, Yanne Defives a retrouvé le sourire, en menant son nouveau club de Roubaix en Fédérale 3.
Photo DR Deux ans après le dépôt de bilan du LMR, Yanne Defives a retrouvé le sourire, en menant son nouveau club de Roubaix en Fédérale 3.

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