AU MENTAL !
PLOMBÉ PAR UNE ENTAME DE MATCH RATÉ, PRIVÉ RAPIDEMENT DE LIONEL BEAUXIS, LES LYONNAIS ONT SOUFFERT POUR DÉCROCHER UNE VICTOIRE SYNONYME DE QUALIFICATION.
Champion de France de Pro D2 il y a deux ans, maintenu sans frayeur la saison dernière, le Lou a franchi une nouvelle marche samedi soir. En décrochant une quinzième victoire cette saison, synonyme de cinquième place, et donc de qualification et de Coupe d’Europe, il a confirmé les espoirs placés en lui en début de saison. Mais que ce fut dur. Pendant quatre-vingts dernières minutes, joueurs, entraîneurs et spectateurs sont passés par tous les états. Et l’explosion de joie générale au coup de sifflet final était d’autant plus forte que la victoire a été longue à se dessiner. La faute à un adversaire qui ne termine pas premier du Top 14 pour rien. La faute surtout à une équipe lyonnaise stressée. En début de match, on a vu un ange passer sur la pelouse de Gerland. Venus en nombre, les spectateurs semblaient bien sages. Et le Lou ressemblait au louveteau qu’il était lors de ses premières apparitions en Top 14, il y a quelques saisons. On craignit l’espace d’un instant, sinon de voir le Lou se retrouver face à des démons exorcisés depuis quelques saisons, au moins de le voir renvoyé à ses études.
D’entrée, il se tira une balle dans le pied. Après un mauvais lancer en touche, Nadolo trouvait la faille et ouvrait la marque. Emporté par son élan, Delon Armitage massait le crâne de l’ailier avec son genou. La sanction - un carton jaune - était logique. À la cinquième minute, le Lou était donc mené 7-0, se retrouvait en infériorité numérique et devait défendre une penaltouche montpelliéraine dans son camp. Face au leader, dans un match décisif, il paraissait difficile de faire pire…
RÉACTION
Par le passé, on a vu des équipes du Lou s’effondrer pour moins que ça. Mais celle-ci n’a rien lâché. « Mentalement, nous avons été très forts, reconnaissait Pierre Mignoni. Nous avons mal commencé le match mais nous avons réagi. Nous avons gardé une stratégie payante. Les avants ont produit un match exceptionnel. » En touche, en mêlée, en défense, avec plusieurs mauls payants, les gros ont été le fer de lance du succès lyonnais. Et derrière eux, c’est toute une équipe qui a su ne jamais baisser les bras.
Ni la sortie de Lionel Beauxis, après la demi-heure de jeu, ni l’essai marqué par Montpellier, alors en infériorité numérique, pour reprendre le score, n’ont perturbé les Lyonnais. Le premier fait de jeu a permis l’entrée en jeu précoce de Frédéric Michalak, qui a repoussé l’heure de la retraite. « Il était très déçu de son entrée en jeu à Oyonnax, rappelait Pierre Mignoni. Entre autres joueurs, il nous fait gagner ce soir. Il met ce qu’il faut mettre. » Notamment cette pénalité décisive à l’entrée des dix dernières minutes, avec l’aide du poteau. Ensuite, il délivra définitivement son équipe avec la transformation donnant huit points d’avance avant le dernier renvoi montpelliérain. « À ce moment-là, on sait que c’est gagné et c’est un soulagement », soufflait le centre, Thibaut Regard. Formé à Lyon, double champion de France de Pro D2 en 2014 et 2016, le joueur était bien placé pour mesurer le chemin parcouru ses dernières saisons. « J’ai connu les saisons galères avec les relégations et le passage par la case Pro D2, poursuit-il. C’est du bonheur de participer aux barrages du Top 14. Nous avons travaillé dur pour terminer cinquièmes, nous n’avons pas à rougir. Mais c’est un honneur de côtoyer des équipes comme Toulouse ou Toulon. » Il reste maintenant à en être digne et à jouer sa chance à fond.