PARIS SOULAGÉ
FACILES VAINQUEURS DE CLERMONTOIS DÉPASSÉS, LES PARISIENS ONT FAIT UN GRAND PAS VERS LE MAINTIEN EN TOP 14. ILS DEVRONT CONFIRMER FACE À LYON...
Le Top 14 est donc bien truqué. Si, si, promis, juré, craché. Et si toutefois vous doutiez de notre propos, sachez que c’est Éric de Cromière qui l’affirme. La parole d’un président de club de Top 14, champion de France en titre de surcroît, forcément, ça pèse. Souvenez-vous. C’était à la veille du premier match du XV de France dans le Tournoi des 6 Nations 2018. Le patron de l’ASMCA s’exprimait, dans nos colonnes, pour réclamer un Top 12. « Si on veut un rugby français à la fois performant et équitable, le seul moyen est de réduire le nombre de clubs, disait-il. Vous avez bien vu les résultats de Lyon - Agen et de Paris - Pau (5-40) ce week-end… Pour l’image du rugby et du point de vue de l’équité du championnat, c’est une catastrophe. Quand le Stade français prend quarante points à domicile, c’est bien qu’il a lâché et je ne sais pas jusqu’où il peut lâcher. Mais si les Parisiens se réveillent contre nous pour diverses raisons et parviennent à nous contrer dans deux mois, on pourra considérer que ce championnat est truqué. »
« DES INSINUATIONS DIFFAMATOIRES »
Autant vous dire que ces propos, datant du 2 février, les Parisiens ne les avaient pas vraiment oublié à l’instant d’affronter les joueurs de Franck Azéma. À l’époque, ils les avaient soigneusement rangés dans un coin de leur tête. Les dirigeants stadistes, eux, avaient été franchement choqués par ces déclarations. Une action en justice pour diffamation a même été un temps envisagée. Après réflexion et en total accord avec le propriétaire Hans-Peter Wild, le président Hubert Patricot s’est fendu d’un courrier en date du 8 février avec copie à Paul Goze, président de la Ligue. Un courrier dont nous avons eu connaissance. Extrait : « Que vous exprimiez avec force une opinion sur le nombre idéal de clubs en Top 14 relève de votre droit le plus strict […] En revanche, les insinuations diffamatoires sur les performances du Stade français Paris sont absolument inacceptables et portent atteinte à notre honneur […] Par ailleurs, la projection que vous faites sur le match à venir qui verra notre confrontation relève d’une manipulation de basétage à laquelle nous ne céderons pas et soyez assuré d’ores et déjà de notre détermination à mettre notre équipe dans les meilleures conditions pour gagner cette rencontre. » Des propos exempts de toute ambiguïté.
Le Stade français n’avait vraiment besoin d’un surcroît de motivation pour battre Clermont le contexte anxiogène d’une éventuelle relégation se suffisait à lui-même. Mais Olivier Azam et Julien Dupuy n’ont pas manqué de rappeler à leurs joueurs cet épisode. Comment peuton croire qu’une équipe subissant une défaite - on peut même parler de gifle pour l’occasion (5-40 face à Pau) - à domicile à la fin du mois de janvier, alors que les enjeux sont encore immenses, puisse avoir lâché un match ?
Samedi, le président Éric de Cromière n’était pas à Jean-Bouin pour assister à la rouste subie par son équipe. « Il a fait l’impasse lui aussi », a ironisé un membre du staff technique parisien. Au même titre que le Stade français face à Pau le 28 janvier dernier, Clermont n’a pas lâché le match. « On a lâché les trente dernières minutes », a précisé Franck Azéma. À juste titre. À la pause, le score de parité (13-13) était même plutôt flatteur pour le Stade français, tant Clermont avait monopolisé le ballon. Seulement, entre une équipe qui joue sa survie et une autre simplement un match de plus, il n’y a pas eu photo. La détermination et l’agressivité étaient parisiennes en seconde période. Ou comment expliquer autrement ce 37 à 0 en quarante minutes ? Évidemment, d’autres présidents de Top 14 auront une interprétation différente de ce score fleuve en faveur du Stade français.