Midi Olympique

À LA FINESSE DES POIGNETS

SI ON PEUT DÉPLORER UNE ÉNORME DIFFÉRENCE DANS LA GESTION DES SURNOMBRES ENTRE HÉMISPHÈRE­S NORD ET SUD, LA PREMIÈRE CAUSE SEMBLE RÉSIDER DANS LE CHOIX DE LA TECHNIQUE DE PASSE, ÉTROITEMEN­T LIÉ À LA VOLONTÉ DES SUDISTES DE NE JAMAIS SAUTER LEURS PARTENAIRE

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

C’est un constat qui nous a frappé, au hasard des divers quarts de finale de Coupe d’Europe la semaine dernière. Celui du nombre de surnombres (pardonnez l’expression) mal joués, pour ne pas dire vendangés. La raison ? « Elle est que, face aux systèmes de défenses modernes qui privilégie­nt une défense très agressive et serrée autour des phases de ruck, les espaces pour l’attaque se situent souvent sur les extérieurs, nous suggérait voilà quelques semaines l’entraîneur toulousain Ugo Mola. Mais le jeu va aujourd’hui tellement vite que, dans le feu de l’action, les joueurs ont parfois tendance à envoyer le plus vite possible sur les extérieurs, par le biais de passes sautées. Or, pour que cela soit efficace, cela nécessite une précision technique qui n’est souvent pas au rendez-vous, avec des passes trop flottantes, trop hautes, oui qui obligent le réceptionn­eur à ralentir sa course. Et surtout, dans 90 % des cas, il s’agit d’un mauvais choix… » Pourquoi ? Parce que la décision de sauter un partenaire rend de fait celui-ci inutile, permet à la défense de glisser facilement durant le temps de suspension du ballon et, in fine, d’annihiler le surnombre. Sans parler des cas de défenses inversées qui peuvent voir le réceptionn­eur se faire découper au moment où il reçoit le ballon, ou pire, la passe carrément intercepté­e. 95 % des intercepti­ons et autres « cartouches » permises par des défenses en pointe étant réalisées sur des passes sautées…

TECHNIQUE INDIVIDUEL­LE DES AVANTS

En parallèle ? Il est frappant de voir comment, de l’autre côté de l’Équateur, les provinces du Sud ont quasiment rayé ces passes sautées de leur vocabulair­e. Les exceptions ne résidant en effet que sur les lancements de jeu ou dans les « zones de marque », à quelques mètres de la ligne d’en-but, pour servir un ailier démarqué. Mais sur toutes les autres portions du terrain et dans toutes les autres situations, la sautée semble belle et bien ringardisé­e. « C’est d’abord vrai parce que les cellules en leurres devant le ballon sont généralisé­es, et parfois même réalisés sur la deuxième ou la troisième passe, comme à XIII, soulignait récemment l’entraîneur du RCT Fabien Galthié. Mais surtout parce que dans le Super Rugby, la technique individuel­le des avants est telle qu’il n’y a aucun intérêt à effectuer de passes sautées. En Europe, les Gallois ont aussi procédé à cette mutation, qui leur a permis de franchir un cap dans l’animation large-large. Face aux défenses agressives, attaquer de manière classique, sans jamais sauter un joueur, demeure la meilleure manière de faire peser de l’incertitud­e et de les obliger à ralentir. À condition que les attaquants parviennen­t à prendre une profondeur supplément­aire, ce à quoi servent notamment les cellules d’avants en milieu de terrain. » Corollaire direct ? Hormis sur les transmissi­ons « 9-10 », les longues passes vissées se retrouvent pratiqueme­nt bannies de l’arsenal offensif des attaquants du Sud, ou du moins très peu utilisées. Les « passes au poignet » classiques (coude relevé, mains ouvertes) retrouvant quant à elles toute leur utilité dans le jeu de ligne, ces dernières présentant l’avantage d’un temps de manipulati­on plus rapide. Et donc d’accélérer suffisamme­nt les transmissi­ons pour échapper aux éventuelle­s montées en pointe…

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Sous l’influence notable des provinces néo-zélandaise­s, ce sont désormais tous les protagonis­tes du Super Rugby qui ont emboîté le pas en matière d’animation offensive. Une influence qui se manifeste au-delà des structures de jeu, au travers de la...
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