Midi Olympique

Sélections : l’exemple du XIII

- Par Nicolas ZANARDI

C’est une évidence qui n’échappe qu’à ceux qui refusent de la voir, ou pire encore, qui vivent avec des oeillères. Depuis plus de vingt ans et l’avènement du rugby pro, le XV n’a jamais fait que de se nourrir à la mamelle treiziste, lorsqu’il s’est trouvé à court d’inspiratio­n. Des « chaînes de jeu » qui ont fait les succès de l’Australie à la fin des années 90 jusqu’aux offloads de Sonny Bill Williams, en passant par les « blocs d’avants » répartis sur la largeur ou la rush défense des Springboks en 2007, rien de ce qui fut un brin innovant en matière de jeu, qu’il soit offensif comme défensif, n’a échappé à l’influence treiziste. Preuve parmi d’autres, les échanges entre les deux codes, qu’ils soient de joueurs et d’entraîneur­s, vont toujours dans le même sens. Et encore, on ne vous parle pas de l’organisati­on interne des staffs, ni des méthodes de préparatio­n physique…

Tout ce préambule pour dire quoi, au juste ? Que, non contents de dicter leur science et leurs évolutions dans le domaine du terrain, les treizistes ont trouvé un moyen de donner aux caciques de World Rugby une idée intelligen­te, à l’heure où l’instance suprême du rugby à XV n’en finit plus de se plaindre du manque de concurrenc­e à l’échelon mondial d’un jeu qui ne concerne jamais, dans le meilleur des cas, qu’une demi-douzaine de nations. Cette idée ? Elle a consisté, pendant l’actuelle Coupe du monde de rugby à XIII, de permettre aux joueurs non concernés par leur sélection « d’adoption » de postuler pour leur pays d’origine, seulement le temps de la compétitio­n. En clair ? Pour le Mondial treiziste, les talents laissés pour compte par l’Australie, l’Angleterre ou la Nouvelle-Zélande sont partis défendre les couleurs de leur « autre » pays. Résultats ? Le Liban a réussi l’exploit de se qualifier en battant la France, et les Tonga font figure de principaux rivaux de l’Australie depuis leur victoire face à la Nouvelle-Zélande. Cela tandis que les Fidjiens, Papous et autres Samoans se sont également hissés en quarts… D’où une compétitio­n renforcée, et élargie au-delà de ses cercles traditionn­els. De quoi inciter World Rugby à épouser le même genre de règlement, susceptibl­e de rendre au plus grand vivier du rugby mondial quelques-unes de ses forces vives ? Matt Giteau himself s’est posé la question sur les réseaux sociaux. Et à vrai dire, on ne douterait pas vraiment du bien-fondé de la démarche, susceptibl­e de doper l’intérêt d’une compétitio­n comme… France 2023, par exemple. À condition de l’oser, évidemment !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France