UNE ÉQUIPE DE CAMÉLÉONS
MONTAUBAN A RÉUSSI À PRÉSERVER SON INVINCIBILITÉ À DOMICILE. L’APPORT DE SON BANC DE FORT TONNAGE ET SA CAPACITÉ D’ADAPTATION SONT LOIN D’ÊTRE ÉTRANGER À CE SUCCÈS.
Ceux qui s’attendaient à voir l’USM dérouler face à une ASBH remaniée auront été déçus : Montauban a souffert mille morts pour écarter cette valeureuse équipe de Béziers, venue avec sa jeunesse dorée pour réaliser un match plein, débordant d’enthousiasme et de belles idées.
Cette soirée avait tout du piège pour Montauban. Et elle commençait sous de mauvais auspices : Thomas Fortunel, prévu pour être sur le banc, se donnait une blessure aux ischio-jambiers dès l’échauffement, obligeant le staff à faire entrer Serge Sergueev sur la feuille de match. Dès la rencontre entamée, Montauban devait endiguer la pression infligée par cette bande de jeunes culottés qui inscrivaient le premier essai et prenaient le score. Même scénario en deuxième période, où Béziers jouait crânement sa chance jusqu’à mener 27-20. Comble de malchance, Montauban perdait précocement Jérôme Bosviel et Waisale Sukanaveita respectivement touchés par une béquille et par une légère entorse à un genou, obligeant le staff à une réorganisation complète de la ligne de trois-quarts. Serge Sergueev ayant pris place sur le banc pour suppléer un trois-quarts, Amédée Domenech, troisième ligne, se retrouvait obligé de glisser en position de trois-quarts aile,Vungakoto Lilo coulissant à l’arrière, Taleta Tupuola apportant toute sa puissance au centre ! Un frisson parcourut alors Sapiac : l’USM, forcément désorganisée, allait-elle connaître sa première défaite de la saison à domicile ? Malgré les vents contraires, Montauban a trouvé les ressources pour inverser la vapeur. L’entrée du banc de fort tonnage a fini par faire plier la jeunesse biterroise, talentueuse mais encore pas assez mature pour gérer des fins de match au couteau. Exemple en fut donné vendredi soir. À la 72e, alors que le tableau d’affichage restait bloqué à 27-23 en faveur de Béziers, l’ASBH pourtant en infériorité numérique depuis le carton jaune de Thibaut Suchier, trouvait une bonne pénaltouche dans le camp montalbanais. L’occasion idéale pour faire tourner la montre ou mieux, pour marquer et assurer la victoire.
UNE ÉQUIPE CAMÉLÉON
Las, l’alignement montalbanais récupérait le ballon sur le lancer et inversait la pression. Dans la continuité de l’action, le pilier Thimothé Lafon écopait d’un carton jaune. À 13 contre 15 pour les dernières sept minutes, résister relevait de la gageure. Et c’est Amédée Domenech qui portait l’estocade à la 78e minute.Venu de son aile pour alimenter un énième ballon-porté, le capitaine montalbanais libérait tout un peuple. Son essai se pose comme un symbole. Celui d’une équipe sûre de son rugby, qui ne s’affolle jamais et dont les talents individuels savent se mettre au service du collectif. Une vraie équipe caméléon, où les avants sont en capacité de servir la cause et de jouer comme des trois-quarts et inversement. Capable comme ce fut le cas vendredi de l’emporter dans la tempête des vents contraires, cet USM-là sera définitivement très difficile à stopper.