LE VENT DE FRAÎCHEUR
SI LES STADISTES SE SONT FAIT DES FRAYEURS EN FIN DE MATCH, L’APPORT DES RECRUES ET DE LA NOUVEAUTÉ IMPOSÉE À L’INTERSAISON EST DÉJÀ PERCEPTIBLE ET DÉCISIVE. PREMIÈRES EXPLICATIONS.
Toulouse s’est rénové à l’intersaison. Voilà qui n’est ni un scoop, ni même une quelconque révolution. Juste une constatation, laquelle porte déjà ses fruits. D’abord sur le terrain, là où la vérité finit toujours par éclater. Lors de la première journée à Oyonnax, l’artilleur Thomas Ramos - de retour de son prêt à Colomiers - et la fusée Cheslin Kolbe - débarqué des Stormers - avaient été directement impliqués dans la totalité des points toulousains. Samedi soir, à eux deux, ils en ont inscrit dix-huit sur vingt-trois. Avec un deuxième essai en autant d’apparitions françaises pour le Sud-Africain qui impressionne tant par ses appuis de feu que la qualité de sa défense. Un phénomène naissant. « Cheslin fait son boulot, apprécie Ugo Mola. Le Smic incontournable d’un ailier est de marquer et bien défendre. Il y parvient. » Lucas Pointud, aussi arrivé cet été, d’en rire : « Il ne m’inspire pas grand-chose parce qu’il va trop vite pour que je le voie et retienne ses actions. Sérieusement, il a du talent, du coeur et du courage. Je sais simplement qu’il vaut mieux l’avoir avec nous que contre. » Et Yann David admiratif : « Le pire, c’est qu’on commence seulement à le découvrir. » Sa réalisation, face à Pau, est venue d’un exploit individuel de Semi Kunatani, le champion olympique fidjien replacé de l’aile en troisième ligne. Encore une nouveauté stadiste. « À l’image de Kolbe, c’est un extraterrestre, reprend David. Il est capable de tout. » Notamment de servir en bout de course Zack Holmes, lequel offrait une merveille de passe dans la foulée. Holmes ? Autre recrue ! Certes, tout fut loin d’être parfait lors de cette deuxième sortie officielle mais un enseignement transpire : l’osmose entre les anciens de la maison, tels Médard et David très en vue samedi, la vague de jeunes, incarnée là par Poï qui a signé une prestation convaincante pour sa première titularisation en Top 14, et tous les nouveaux venus, est déjà visible. « J’ai beaucoup de satisfactions sur l’état d’esprit et l’envie de jouer au rugby, avec notamment une première mi-temps aboutie, intéressante et enjouée, note Mola. Cela me laisse penser qu’il y aura des jours meilleurs. » Car, si ce groupe a décidé de tirer un trait sur le traumatisme du dernier exercice, il a tout de même permis aux vieux démons de s’inviter dans les ultimes instants avec quelques frayeurs à la clé. « On garde dans un coin de la tête cette saison et on avait à coeur de bien débuter chez nous, admet David. Ce genre de match, nous serions passés à côté il y a quelques mois. »
POINTUD : « QUE ÇA NE DURE PAS QU’UN OU DEUX MOIS »
Surtout, malgré les imperfections perceptibles dans la partition, l’effectif stadiste a su profiter des remaniements pour enclencher une nouvelle dynamique, où les arrivants ont une importance capitale. Yann David l’assure : « On a perdu beaucoup de mecs d’expérience qui avaient du poids dans le vestiaire. Mais il y a eu un vent de fraîcheur avec les recrues. Cela fait du bien et on veut en profiter pour aller de l’avant. » Une vertu que Pointud ne cherche pas à revendiquer : « Je suis nouveau et je n’ai pas assez de recul pour juger notre apport. Ce que je vois, c’est que le groupe est homogène et que tout le monde tire dans le même sens. Quand on évolue au Stade toulousain, on ne peut pas avoir d’autre prétention que de prendre du plaisir sur le terrain mais de ne pas se louper. Le public ne demande qu’à être réveillé et nous en sommes les responsables. Si on continue comme ça, avec tous le goût du jeu et l’envie de se serrer les coudes, il n’y aura pas trop de difficultés à long terme. Petit à petit, on se découvre mieux et il va se passer quelque chose à un moment. L’essentiel, c’est que ça ne dure pas qu’un ou deux mois. » Ce qui rend l’entraîneur principal des Rouge et Noir optimiste : « Il faut faire attention à ne pas se montrer présomptueux lorsqu’on passe tout près de la correctionnelle, comme ce fut le cas face à Pau, mais il y a de la qualité dans cette équipe et il faut qu’on se lâche encore davantage. Le vent de fraîcheur, il est évident. Mais ça ne reste qu’un temps. En revanche, les bons joueurs, ça dure beaucoup plus et je sais que ceux qui nous ont rejoint le sont. » Un gage d’avenir.