Midi Olympique

RETOUR BRUTAL SUR TERRE !

LES FRANÇAISES ONT ÉTÉ RAMENÉES À LA RÉALITÉ PAR LES ANGLAISES, SI RÉALISTES ET SI FORTES EN TOUCHE. LA MAGIE DU PREMIER TOUR S’EST FRACASSÉE SOUS LA PLUIE ET SUR UN MUR BLANC IMPERMÉABL­E.

- Par Jérôme PRÉVÔT, envoyé spécial

La malédictio­n s’est donc poursuivie, les Françaises ont encore calé en demi-finale. Le coup d’arrêt est brutal apès l’euphorie du premier tour. Sous la pluie de Belfast, nous avons cru revivre par moment la fameuse demie des garçons perdue en 2003 face à Wilkinson et Martin Johnson. La défaite est sèche en apparence, 20 à 3 même si le dernier essai de Megan Jones ne voulait pas dire grand chose. Désespérée­s, les Bleues avaient tenté une passe sous pression dans leur propre en-but. Le cafouillag­e ne pardonna pas. Vingt minutes plus tôt, Sarah Bern avait conclu un énorme pilonnage des avants. De 6 à 3, le score passa à 13 à 3. Les Françaises étaient marquées au fer rouge

Les Anglaises étaient donc les plus fortes et côté tricolore, la magie du premier tour n’a pas opéré. Question d’opposition bien sûr, mais aussi de météo. La première mi-temps s’est déroulée sous la pluie, ce qui était fait pour handicaper le style très rythmé des Françaises. La preuve, elles n’ont pas marqué d’essais, elles se sont procurées peu d’occasions nettes, sinon en fin de match par Julie Annery poussée in extremis en touche par Megan Jones. « Oui, j’ai manqué de solidité sur ce couplà. » Quel crève-coeur, l’ultime séquence avait été impulsée par une énième percée de Lénaïg Corson côté opposé, la joueuse de ce Mondial, à notre sens.

SI MÉNAGER AVAIT PU JOUER…

L’entraîneur Samuel Cherouk faisait remarquer que les Bleues avaient quand même franchi neuf fois la défense adverse. « Mais nous avons quand même montré de l’affolement, nous ne nous sommes pas lâchés pour faire la passe de plus. » Disonsle tout net, l’absence de Romane Ménager a pesé très lourd dans la balance. Avec leur troisième ligne puncheuse, les Bleues auraient fini par transperce­r ce mur blanc jusqu’à la ligne. Mais une blessure à un poignet en a décidé autrement. Nous avons pourtant cru à l’exploit en fin de première période quand la balance des pénalités affichait huit à un en faveur des Françaises, les Anglaises n’étaient alors pas maîtresses de la partie. Elles subissaien­t les vagues bleues et Shannon Izar venait d’enquiller une pénalité de 40 mètres. Oui, à 3-3 on se prit à rêver d’un essai qui aurait tout débloqué. Mais la défense anglaises ne craqua jamais, même Safi N’Diaye subissait des arrêts buffets sévères et les Red Roses parvenaien­t à arracher des ballons sur les extérieurs.

LA TOUCHE, POINT CARDINAL

Mais si l’on devait trouver un point cardinal, c’est la touche qui s’impose : « six ballons sur onze perdus », diagnostiq­uait laconiquem­ent Cherouk qui se remémorait un lancer capital à cinq mètres de la ligne mal négocié : « Ce match nous l’avons perdu en touche, ça me paraît évident. Nous n’avons pas su nous trouver, nous n’avons pas su nous réguler. C’est dommage », reconnaiss­ait Julie Annery, joueuse jeune et franche dans ses propos. La partie s’est sans doute jouée là-dessus. Les Françaises n’ont pas été si mauvaises sur le plan offensif - quelle deuxième ligne fut plus impression­nante que Lénaïg Corson ? Quelle arrière fut plus virevoltan­te que Montserrat Amédée ? Mais le gaspillage de ces lancers cruciaux a saccagé trop de moments clés. Dans la camp d’en face, la géomètre Cathie McLean a fait son boulot. Elle a fait avancer son équipe au pied quand il le fallait. Serge Simon, vice-président de la FFR a donné son sentiment aux joueuses : « Vous n’avez pas été à votre niveau habituel, c’est vrai. Les Anglaises ont su faire ce qu’elles font d’habitude. Elles ont marqué sur leurs temps forts. C’est ça la différence avec le haut niveau… Le haut niveau, c’est savoir faire les choses qu’on sait faire, sous une pression maximale. » Dans la foulée de l’élection de Laporte, la FFR avait tenté un coup de poker en changeant le staff des Bleues en janvier et mettre deux nouveaux coachs destinés à insuffler un style très différent à l’équipe. Le plan a failli marcher… mais huit mois, c’était sans doute trop court comme délai.

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Le rêve s’achève aux portes de la finale pour les Françaises de Caroline Drouin. Une défaite amère pour ce groupe aux ambitions mondiales.

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