LYON VEUT JUBILER !
FACE À CLERMONT, THIBAULT PRIVAT ET JULIEN BONNAIRE DISPUTERONT LE DERNIER MATCH À DOMICILE D’UNE LONGUE ET BELLE CARRIÈRE, À L’INSTAR DE NICOLAS DURAND, ÉGALEMENT PROCHE DE LA RETRAITE, ET DE ROMAIN LOURSAC, BLESSÉ.
Àla fin de saison, de nombreux joueurs lyonnais quitteront le club. Parmi eux, quatre joueurs français sont partis pour raccrocher les crampons : les anciennes légendes clermontoises, Thibault Privat, Julien Bonnaire, combattants devant l’éternel, le demi de mêlée Nicolas Durand, vainqueur de tous les championnats de France possible et imaginable (Top 14, Pro D2, juniors, cadets, poussins), et l’arrière, Romain Loursac, peut-être un des derniers spécimens de rugbyman à l’ancienne aussi performant sur un terrain que dans la vie civile, qui terminera son internat de médecine cet automne avant d’enfiler son maillot définitif : la blouse blanche. Seul ce dernier, blessé en janvier, ne sera pas titulaire demain contre le finaliste de la Coupe d’Europe. « Il aurait très certainement joué comme ceux qui arrêtent, explique l’entraîneur,
Pierre Mignoni. C’est bien de récompenser ces joueurslà, qui ont tant donné pour ce sport. » Et le clap de fin, à domicile en tout cas, devrait être donné dans une salle bien remplie et devant un public, lyonnais et clermontois, tout acquis à la cause de Julien Bonnaire et Thibault Privat. Au match aller déjà, les supporters auvergnats n’avaient pas manqué d’acclamer les deux avants. Demain, ils devraient recevoir le triomphe qu’ils méritent. Depuis deux ans, pour le premier, l’été dernier pour le second, ils ont joué un rôle prépondérant dans l’ascension du club lyonnais, qui ne regrette pas de les avoir incités à repousser le moment de ranger les crampons. « Julien est un monument du rugby français, rappelle Pierre Mignoni. Il est un joueur très intelligent. Il n’a pas un physique monstrueux mais il a fait une carrière énorme parce qu’il a un cerveau. Il a le goût de l’effort, c’est un athlète. Thibault est un joueur exemplaire. Je le remercie accepté de sortir de sa retraite. Il nous a beaucoup aidés à maintenir le club au plus haut niveau. » Arrivé au coeur de l’été, l’ancien Montpelliérain a vite trouvé ses marques, dans le vestiaire et sur le terrain, où il s’est imposé en deuxième ligne, souvent associé au jeune Félix Lambey, quand on attendait
surtout les autres recrues estivales : Josh Bekhuis, Marcelino Paulino et Francisco Mostert. Son expérience, associée à celle de Julien Bonnaire, ont été précieuses pour le promu et ne sont pas pour rien.
Nîmois comme Thibault Privat, l’entraîneur des avants, Sébastien Bruno n’est pas étonné par la longévité des deux avants. « À Toulon, j’ai fini à
39 ans, sourit-il. Quand Pierre a émis l’idée de prendre Thibault, j’étais enthousiaste. Il est dur au mal, il se déplace, et un leader de combat. » LES FACÉTIES DE LOURSAC Coéquipier de Julien Bonnaire en équipe de France, l’ancien talonneur est heureux d’avoir pu également compter sur le flanker pour sa première expérience d’entraîneur. « Je le connaissais mais nous n’avions jamais trop discuté. Il n’est pas très expansif. Et en équipe de France, il traînait souvent avec les Berjalliens : Chabal, Nallet, Milloud (sourire). Il est arrivé blessé à Lyon et ça a été difficile de rentrer dans le groupe. Mais il est facile à coacher. Avec Julien Puricelli, il a beaucoup apporté aux jeunes joueurs. Avec son expérience, il aurait pu apporter encore plus. Mais il montre l’exemple et ne veut pas donner de leçons. Lyon a parfois été critiqué pour être une maison de retraite… Ce n’est pas le cas. Dans une équipe, tu ne peux pas avoir que des jeunes ou que des vieux ! » Dans tous les cas, le départ des deux dinosaures provoquera un vide la saison prochaine, dans le rugby français, et à Lyon, tout comme l’enthousiasme et les critiques de Nicolas Durand, et les facéties de Romain Loursac. Barré respectivement par Frédéric Michalak et l’émergence de Baptiste Couilloud, et par Delon Armitage, ils ont joué un rôle tout de même essentiel. « Nicolas est assez positif, même s’il râle tout le temps, rigole
Sébastien Bruno. Sur le terrain, son expérience a été très utile contre le Stade français. Concernant Loursac, j’ai dû le mettre à l’heure une ou deux fois à mon arrivée. En tant qu’avant du sud, je n’aime pas trop me faire chambrer par un trois-quarts. Maintenant, je l’adore. C’est un gars de Lyon, un référent au club, qui avait connu beaucoup de choses. Il va manquer. » En attendant il s’agira de jubiler demain. ■