UN REPRENEUR ALLEMAND EN LICE
UN NOUVEL ACTEUR MAJEUR EST ENTRÉ EN JEU DANS LA VENTE DU STADE FRANÇAIS. IL S’APPELLE HANS-PETER WILD, IL EST ALLEMAND ET MILLIARDAIRE.
L’avenir du Stade français s’écrit toujours au conditionnel. Toutefois, dans les coulisses du club de la capitale, ça s’active plus fortement à l’approche de l’échéance fixée par le président Thomas Savare. Ce dernier, toujours désireux de passer la main, a repoussé au 4 mai la remise des dossiers des potentiels repreneurs. Le tour de table orchestré par Mathieu Blin, Thomas Lombard, Mathieu Glavany, Sylvain Marconnet, Christophe Dominici, Pierre Rabadan, Laurent Guétard et Alain Elias, tous des anciens de la maison stadiste, est toujours d’actualité. Ces derniers, qui tentent de réunir une somme de 10 millions d’euros par an sur trois saisons, ont d’ailleurs confirmé, vendredi matin par communiqué, les informations parues dans nos colonnes le 10 avril. Une réunion s’est déroulée mercredi dernier en ce sens mais n’a pas encore accouché d’un dossier totalement ficelé.
En revanche, un autre dossier a pris de l’épaisseur ces dernières heures. Hans-Peter Wild étudie, très sérieusement, la possibilité de se porter candidat à la reprise du club de la capitale. Le nom ne vous dit rien ? Logique, forcément logique. L’homme d’affaires, résident suisse, est allemand. Sa fortune est estimée à plus de trois milliards d’euros et lui permettait, en 2016, de figurer à la 52e place des hommes les plus riches de Suisse, selon Forbes, juste devant Bernie Ecclestone, l’ancien patron de la Formule 1 (54e). Sa fortune, Hans-Peter Wild la doit, pour partie, à la vente en 2015 d’une de ses sociétés « Wild Flavor », spécialisée dans l’élaboration des additifs alimentaires naturels. À l’époque, le géant américain de l’agrochimie Archer Daniels Midland (ADM) a versé un montant total de 2,3 milliards d’euros pour racheter le géant helvético-allemand.
Et le rugby dans tout ça, nous direz-vous. Hans-Peter Wild, âgé aujourd’hui de 75 ans, a pour ce sport une vraie passion, qu’il tient de son père, lui-même ancien pratiquant. Il a d’ailleurs fondé en 2007 la Wild Rugby Academy basée à Heidelberg, au nord de Stuttgart. Cette dernière, pour laquelle son fondateur verse environ trois millions d’euros par an pour son fonctionnement, sert régulièrement de camp de base pour les équipes nationales allemandes à XV et à VII. Hans-Peter Wild est d’ailleurs le sponsor maillot des deux équipes nationales avec la marque « Capri Sonne », une boisson à base de jus de fruits concentré.
ENTRE AMOUR DU RUGBY ET ÉCONOMIE
Toutefois, c’est par le plus grand des hasards que Hans-Peter Wild a appris la mise en vente du Stade français. Flash-back. Durant la semaine suivant l’annonce de la fusion du club parisien avec le Racing 92, le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges délocalise une de ses formations au management du sport dans un salon du stade Jean-Bouin. Une formation à laquelle assiste Robert Mohr, directeur de la Wild Rugby Academy. Ce dernier, ancien international allemand, passé par Bourgoin et La Rochelle, vit au plus près la folle semaine des Stadistes. Dès son retour en Allemagne, il informe directement Hans-Peter Wild de la mise en vente du Stade français. Depuis, Robert Mohr est revenu à Jean-Bouin, assisté du directeur financier en charge des investissements mandaté par Wild et de Kaubus Potgieter, un des entraîneurs de l’académie, pour recueillir les informations nécessaires à la constitution d’un éventuel dossier de reprise et visiter en profondeur les installations du club parisien. Les deux représentants ont aussi rencontré Thomas Savare. Puis Roger Boutonnet, le président de l’association. Ils auraient fait forte impression. Les deux hommes ne se sont pas cachés de cette visite. En témoigne leur photo en compagnie de Pascal Papé et Alexandre Flanquart, présente sur le fil Twitter de la Wild Rugby Academy.
Force est tout de même de s’interroger sur les motivations d’Hans-Peter Wild de déposer un dossier de reprise du club parisien. L’Allemagne n’est pas une terre de rugby, tant s’en faut. Seulement, l’homme d’affaires pourrait créer des passerelles dans le but de développer un peu plus son académie et la pratique du ballon ovale outre-Rhin. Mais pas seulement. Sa marque de jus de fruit « Capri Sonne » a investi le marché français en 2007 sous le nom de « Capri Sun », mais peine à s’y faire une place au soleil. Le tennisman français JoWilfried Tsonga, ambassadeur de cette boisson depuis janvier 2015, prête pourtant son image pour en assurer la promotion. Avec le Stade français, Hans-Peter Wild pourrait offrir à sa marque une plus grande visibilité et un très bel outil de travail. En milieu de semaine dernière, Hans-Peter Wild et ses équipes ont réclamé un complément d’informations sur la masse salariale des joueurs parisiens. Selon nos informations, ils devraient statuer, ce vendredi, lors d’une réunion sur la faisabilité de l’opération. Évidemment, quand bien même Wild se porterait acquéreur, rien ne dit que l’homme d’affaires allemand deviendra propriétaire du Stade français. La décision demeure entre les mains de Thomas Savare, qui ne communiquera pas avant d’avoir recueilli tous les dossiers des repreneurs potentiels. Verdict probablement après le 4 mai.