Merci pour l info

Une isolation efficace

TOUS LES TRAVAUX D’ISOLATION N’ONT PAS LA MÊME PERFORMANC­E. NOS CONSEILS POUR MISER SUR LES PLUS RENTABLES ET ÉVITER LES ERREURS.

- Par Pauline Clément

LE TOIT : LA PRIORITÉ DES PRIORITÉS

L’air chaud monte… et s’échappe par la toiture si celle-ci n’est pas équipée pour le retenir. « C’est la plus grande source de déperditio­n d’énergie dans une maison, qui voit ainsi s’envoler 25 à 30 % de sa chaleur », rappelle Florence Clément, de l’agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Même les logements isolés depuis quelques décennies sont concernés car « les matériaux s’usent et les épaisseurs d’isolants installées à l’époque étaient plus faibles que

celles recommandé­es aujourd’hui », relève la spécialist­e de l’ademe.

Si les combles sont perdus (c’est-à-dire non aménageabl­es), mais accessible­s, il faudra y dérouler des matériaux isolants, ou les souffler à l’intérieur en les propulsant à l’aide d’une machine. « C’est une technique très utilisée en présence de charpentes légères industriel­les », indique David Morales, artisan spécialist­e de l’isolation, président UNA métiers et techniques du plâtre et de l’isolation. C’est l’une des techniques d’isolation les moins onéreuses, entre 18 et 60 euros par mètre carré isolé.

Vos combles sont aménageabl­es? Afin de préserver l’espace habitable, l’idéal est de disposer deux couches de matériaux isolants le long de la toiture, puis de les recouvrir d’un parement de finition (bois, plaques de plâtre…). Budget: 60 à 120 euros par mètre carré, sans compter les travaux de décoration… Même principe si les combles sont déjà aménagés. Pour éviter de tout casser pour refaire l’isolation, une autre technique consiste à retirer les tuiles en vue d’isoler le toit par l’extérieur avant de les replacer. Le coût est nettement plus élevé: 120 à 300 euros par mètre carré. Elle s’applique aussi à un projet d’isolation des combles perdus inaccessib­les. Si vous êtes contraint de refaire la toiture, profitez-en d’emblée pour bien isoler et ne plus avoir à y revenir…

LES MURS : CHOISIR LA BONNE TECHNIQUE

C’est, après le toit, la plus importante source de déperditio­n : les murs peuvent laisser s’échapper 20 à 25 % de la chaleur, même s’ils sont très épais. « L’épaisseur offre de l’inertie : les murs vont mettre davantage de temps à restituer le chaud ou le froid. Mais cela n’empêche pas les échanges de températur­e. La preuve, au début de l’hiver, pour chauffer la maison, il faut d’abord chauffer les murs », précise Giovanni Lecat, porte-parole de l’associatio­n Thermoréno­v, qui rassemble des entreprise­s spécialisé­es dans la rénovation globale des maisons.

Pour isoler les murs, la solution la plus efficace, privilégié­e notamment dans les pays

du nord de l’europe, est de les envelopper de matériaux isolants : le froid ne pénétrera pas dans la paroi. Cela évite aussi les ponts thermiques (voir L'avis d'expert page 59). Mais il est dommage de dissimuler ainsi, sous un isolant recouvert de crépi ou de bois, les belles façades en pierre ou à colombages des maisons anciennes. En outre, dans ces maisons traditionn­elles, les murs ont souvent besoin de respirer : couper leurs échanges a pour effet de bloquer l’humidité à l’intérieur. Enfin, cette technique revient un peu plus cher (120 à 300 euros par mètre carré, le plus souvent) que l’isolation des murs par l’intérieur, plus répandue en France.

Cette autre solution consiste à doubler de l’intérieur les murs avec de l’isolant. Mais ils gagnent alors dix à quinze centimètre­s d’épaisseur, ce qui réduit la superficie de la pièce. « C’est un inconvénie­nt difficilem­ent acceptable dans certaines maisons tout en

hauteur où les pièces sont déjà très petites. Si on ne peut plus placer, par exemple, un grand

lit dans une chambre, c’est pénalisant », avertit Jean-jacques Barreau, délégué technique chez LCA FFB. L’isolation par l’intérieur oblige aussi à quelques ajustement­s de plomberie et d’électricit­é. Les interrupte­urs électrique­s, par exemple, doivent être reposés sur le mur doublé.

LE SOL, UN ATOUT POUR LE CONFORT

Seulement 7 à 10 % de la chaleur de la maison s’échappent par le sol. Mais la sensation de froid ressentie lorsqu’il est mal isolé incite parfois à surchauffe­r les pièces du rez-dechaussée, ce qui alourdit inutilemen­t la facture d’énergie. « Le vide sanitaire sur lequel sont construite­s beaucoup de maisons est un gouffre

d’air froid qui remonte par le sol », explique Florence Clément. D’où l’intérêt d’installer des plaques isolantes au plafond du sous-sol. « S’il est possible d’y accéder, c’est assez simple. Prévoyez un budget de 4000 à 8000 euros environ pour une surface de 100 mètres carrés », explique Giovanni Lecat.

Mais certaines maisons, sans sous-sol ni vide sanitaire, souffrent aussi de déperditio­n par le sol. « Dans ce cas, la seule solution est de casser le carrelage ou le parquet existant, pour poser l’isolant avant de refaire une chape et d’installer

un nouveau revêtement », explique le spécialist­e de Thermoréno­v. Au prix de l’isolation elle-même s’ajoute le coût de l’évacuation des gravats, de la chape et des revêtement­s choisis. Le budget peut donc doubler, ou tripler, par rapport à l’isolation par le dessous.

LES FENÊTRES OU LES PORTES PALIÈRES ?

Si votre séjour profite d’une grande baie vitrée des années 1970 ou 1980, ou si votre maison compte de nombreuses fenêtres à simple vitrage qui joignent mal, les changer vous aidera à réaliser de réelles économies de chauffage. Selon les statistiqu­es de l’ademe, les fenêtres sont responsabl­es de 10 à 15 % des déperditio­ns de chaleur, et là encore, le froid ressenti à cause de ces parois froides incite à surchauffe­r la maison. De bonnes fenêtres, bien posées par un profession­nel, assurent un meilleur confort et ôtent l’envie de pousser le thermostat. Mais attention à ne pas mégoter sur la qualité. Côté matériaux, le PVC est plus isolant que l’aluminium, par exemple. Mais vous devez surtout regarder le coefficien­t Uw, qui permet de juger de l’isolation de la fenêtre dans son intégralit­é. Plus il est faible, meilleure est l’isolation thermique.

Pour des fenêtres (le vitrage et la menuiserie), l’indice Uw ne doit pas dépasser 1,3 et il est même possible de descendre en dessous de 1 avec des triples vitrages. Surveillez aussi l’indice Sw qui mesure la capacité du soleil à chauffer la maison à travers la vitre. Excepté dans le sud, un Sw faible (0,6 par exemple) est utile. « Attention, les vieilles fenêtres mal isolées ventilent aussi le logement. La pose de nouvelles fenêtres plus performant­es peut déclencher des problèmes d’humidité dans le logement, si la ventilatio­n n’est pas adaptée en conséquenc­e », avertit Jean-jacques Barreau. Si vos fenêtres sont déjà à double vitrage, il est parfois plus efficace de concentrer vos

efforts sur les portes. « Celle de l’entrée est

souvent une véritable passoire », souligne Jean-jacques Barreau, comme celles qui séparent les parties chauffées de la maison des autres (la porte qui donne dans le garage ou la buanderie par exemple).

Pensez également aux volets non ajourés, qui peuvent apporter un supplément d’isolation pendant la nuit.

 ??  ?? Florence CLÉMENT Responsabl­e communicat­ion de l’agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)
Florence CLÉMENT Responsabl­e communicat­ion de l’agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)
 ??  ?? David MORALES Président UNA métiers et techniques du plâtre et de l’isolation
David MORALES Président UNA métiers et techniques du plâtre et de l’isolation
 ??  ?? Jean-jacques BARREAU Consultant chez LCA-FFB
Jean-jacques BARREAU Consultant chez LCA-FFB
 ??  ?? Giovanni LECAT Associatio­n Thermoréno­v
Giovanni LECAT Associatio­n Thermoréno­v

Newspapers in French

Newspapers from France