Merci pour l info

Mettre en place un syndic bénévole

- Par Pauline Clément

VOTRE PETITE COPROPRIÉT­É VOUDRAIT SE PASSER DES SERVICES DU SYNDIC PROFESSION­NEL, TROP CHER OU INCOMPÉTEN­T. NOS CONSEILS POUR PASSER À L’ACTION.

S’ASSURER DU SOUTIEN DES COPROPRIÉT­AIRES

« Plus ils seront nombreux à être convaincus de l’intérêt de cette solution, plus le travail au quotidien sera facilité. Car le plus épuisant, à la longue, c’est de gérer les conflits humains dans l’immeuble. Trop de récalcitra­nts au départ compliquer­aient les choses », précise Virginie Guihard, responsabl­e du pôle syndics bénévoles de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­és (Arc). Assurez-vous d’abord que le conseil syndical est prêt à vous épauler. Organisez une réunion, sans le syndic, avec le plus grand nombre possible de copropriét­aires. « Faites-le un ou deux mois avant la fin de l’exercice comptable, car le syndic, s’il se sent menacé, risque de convoquer très vite l’assemblée générale une fois l’exercice clos, pour ne pas vous laisser le temps de vous organiser », conseille Isabelle Feldman, responsabl­e du service Copropriét­é de l’union nationale des propriétai­res immobilier­s des Bouches-du-rhône (Unpi 13). Pour rassurer les inquiets, présentez la façon dont vous envisagez de travailler – avec quel type de logiciel comptable, avec le soutien technique d’une associatio­n – et communique­z sur l’assurance pour votre responsabi­lité civile qui peut être engagée même si vous êtes bénévole, sur les frais à prévoir… Rassemblez les numéros de téléphone et les adresses électroniq­ues des copropriét­aires. Enfin, testez la majorité dont vous disposez avant l’assemblée générale (AG) : le jour de L’AG, votre projet devra réunir la majorité absolue de tous les copropriét­aires (soit 501 millièmes). Si elle n’est pas atteinte, mais que la propositio­n recueille au moins un tiers des tantièmes (334 millièmes), il sera possible de voter à nouveau à la majorité simple*, lors de la même assemblée, soit à la majorité des présents et représenté­s.

PRÉPARER L’ÉLECTION À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Par lettre recommandé­e avec AR (elle doit arriver 21 jours au minimum avant L’AG),

demandez au syndic de mettre à l’ordre du jour de la prochaine AG la résolution que vous aurez pris soin de rédiger. « Elle donne le choix entre la réélection de l’ancien syndic ou la désignatio­n d’un syndic bénévole, accompagné­e d’une autorisati­on de l’assemblée à souscrire une assurance pour couvrir sa responsabi­lité

civile », détaille Isabelle Feldman. Le contrat type prévu par la loi doit être joint, comme pour un syndic profession­nel.

Attention, lorsqu’il est évincé à l’occasion du vote, l’ancien syndic quitte en général aussitôt l’assemblée sans terminer la réunion ou, si celle-ci se tient dans ses locaux, exige le départ des copropriét­aires, qui devront donc la continuer ailleurs. Étudiez comment la poursuivre en respectant le formalisme de rigueur pour qu’elle soit inattaquab­le. « Par exemple, préparez une feuille de présence, avec les noms des copropriét­aires, leurs millièmes, etc., ce qui vous aidera à rédiger le procès-verbal correcteme­nt », indique la spécialist­e de l’unpi. N’oubliez pas que si vous

Virginie GUIHARD Responsabl­e du pôle syndics bénévoles de l’associatio­n des responsabl­es de copropriét­é (Arc) Isabelle FELDMAN Responsabl­e du service copropriét­é de l’union nationale des propriétai­res immobilier­s des Bouchesdu-rhône (Unpi 13)

êtes le nouveau syndic, vous ne devez surtout pas présider l’assemblée, ni recevoir le pouvoir d’un copropriét­aire absent. L’idéal est que vous soyez désigné secrétaire de séance dès le début de la réunion. Anticipez les problèmes que vous risquez de rencontrer et prévoyez les ripostes. Certains syndics, par exemple, ne mettent pas la résolution demandée à l’ordre du jour, même si la loi les y oblige. « Mais le bénévole peut quand même postuler lors de L’AG. Le seul risque sera de voir son élection contestée devant le tribunal par un copropriét­aire absent non représenté ou opposant. D’où l’importance d’une cohésion sur le choix de la gestion bénévole », indique Virginie Guihard. D’autres profession­nels expliquent lors de L’AG qu’ils mettront la copropriét­é sous administra­tion judiciaire si leur mandat n’est pas renouvelé : cette mesure est illégale dès lors qu’un syndic bénévole a bien été désigné.

ANTICIPER LA PASSATION DE POUVOIR AVEC L’ANCIEN SYNDIC

« Dès votre nomination, ouvrez un compte séparé au nom du syndicat des copropriét­aires. S’il y en avait déjà un, informez la banque du changement de syndic ou clôturez ce compte », conseille Virginie Guihard. Vous pouvez également mettre en concurrenc­e les banques avant L’AG pour avoir le temps de comparer leurs tarifs. « En votre qualité de syndic, le syndicat des copropriét­aires (dont vous êtes le mandataire) sera domicilié chez vous », précise la spécialist­e de l’arc.

En principe, le précédent syndic dispose d’un mois pour mettre à votre dispositio­n les archives (l’ensemble des documents),

L’outil Arc Copro-net m’aide pour la gestion et la comptabili­té Eddine BROCARD-SAÏDI Retraité et syndic bénévole à Paris

les fonds immédiatem­ent disponible­s de la copropriét­é et présenter une première évaluation de sa situation financière ; et de deux mois supplément­aires pour transmettr­e le versement du solde des fonds après apurement des comptes de chaque propriétai­re, ainsi que l’état des comptes définitif du syndicat. Mais, en pratique, les bénévoles doivent souvent batailler pour récupérer les fonds et les archives… D’où l’intérêt d’avoir réuni le maximum d’informatio­ns avant L’AG : adresses des fournisseu­rs (pour leur réclamer l’envoi des factures au nouveau syndic), des copropriét­aires (pour expédier les appels de charges…). Si l’ancien syndic tarde trop à communique­r les archives, vous devrez l’assigner en référé auprès du tribunal de grande instance.

TROUVER DE L’AIDE POUR ÊTRE ACCOMPAGNÉ

Préparer et convoquer les AG, tenir la comptabili­té de la copropriét­é, remettre en concurrenc­e les contrats, relancer les impayés éventuels et exiger leur paiement au tribunal, régler les fournisseu­rs… Seul, la tâche est ardue, au moins au début. Il est donc utile de s’appuyer sur une associatio­n ou une entreprise capable de vous aider sur les plans juridique et pratique, de vous offrir les services d’un avocat spécialisé en cas de difficulté, de résoudre un problème comptable… Le coût est souvent modique, par exemple 160 euros par an, plus 4 euros par lot, à l’unpi 13, ou

139 euros par an pour une copropriét­é de moins de 10 lots à l’arc (assurance responsabi­lité civile du syndic incluse). Pour quelques centaines d’euros, des formations sont parfois proposées pour faciliter la mise en route.

Vous devrez aussi trouver le bon outil pour tenir la comptabili­té et fournir les annexes comptables requises, notamment la situation de trésorerie. Dans les très petites copropriét­és, certains se servent d’un outil tel Excel. Il existe aussi des logiciels plus spécialisé­s, comme Coprolib (abonnement de 180 € à 990 € par an selon le nombre de lots dans la copropriét­é). *Loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriét­é des immeubles bâtis, article 24. Nous n’avons pas été satisfaits des divers syndics de notre petite copropriét­é (16 lots). Nous avions l’impression d’être volés. L’idée a donc germé d’opter pour un syndic bénévole. Mais tout est allé très vite, car le syndic profession­nel nous a envoyé son nouveau contrat trois semaines seulement avant l’assemblée générale (AG), en même temps que la convocatio­n. Il augmentait fortement ses tarifs. Nous avons cherché à discuter mais il nous a opposé une fin de nonrecevoi­r. La veille de L’AG, nous avons donc contacté l’arc. Nous avions rendez-vous avec une spécialist­e à 11 heures, et à 14 heures, nous avons démarré L’AG. Le syndic a tenté de nous menacer, nous risquions de nous retrouver sous administra­tion judiciaire, disait-il. Mais l’arc nous avait bien préparés. Nous avons voté la résolution. Tous les copropriét­aires présents avaient le même avis sur le syndic, et à l’unanimité des présents, j’ai été élu syndic bénévole. Nous avons nommé le conseil syndical en poursuivan­t l’assemblée au café d’à côté. Nous n’avons pas encore récupéré toutes les archives, mais nous nous en passons, car il y a de la bonne volonté entre les copropriét­aires, à l’exception des mauvais payeurs. Je travaille main dans la main avec le conseil syndical, et l’outil Arc Copro-net m’aide pour la gestion et la comptabili­té. Cette année, je vais devoir éditer le grand livre des comptes, pour qu’ils soient vérifiés. Je ne sais pas encore le faire. Mais j’apprends.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France