Maxi

« Je voulais vivre au plus près de la nature avec ma famille »

Ophélie, 40 ans, maman de 6 enfants, a changé de métier, de région et de mode de vie. Son objectif : consommer moins, être proche de la nature et limiter son impact sur l’environnem­ent.

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Dans mon ancienne vie, je tenais un magasin de décoration et de souvenirs dans une petite station de sports d’hiver du Haut-Jura appelée Les Rousses. Avec mon mari Teddy, je ne comptais pas mes heures pour ranger les rayons, passer les commandes, faire les comptes, établir les factures et tenir la caisse… Un commerce prenant, qui empiétait sur notre vie de famille : parents de six enfants, aujourd’hui âgés de 1 à 17 ans, nous devions les garder souvent avec nous dans le magasin. Un lit bébé était installé dans notre bureau ! En saison, notre boutique était ouverte tous les jours de 8 h à 20 h, pour permettre aux vacanciers de faire des emplettes après avoir quitté les pistes. Nous gagnions confortabl­ement notre vie mais nous vendions des objets bon marché, et souvent fabriqués en Chine : des porte-clés, des cendriers, des dessous-deplat, des boules de neige…

Dans le même temps, dans ma vie privée, je commençai à faire attention à limiter mon impact sur l’environnem­ent, en essayant de réduire au maximum nos déchets et les achats neufs. Sur mon blog beaufourfa­mily.com et sur ma page Facebook*, je racontais notre cheminemen­t vers une vie plus simple, plus naturelle, plus bio avec de nombreux produits et aliments fabriqués maison. Voilà pourquoi proposer des gadgets ou des babioles inutiles aux touristes commençait à me peser. J’avais l’impression de pousser à la consommati­on ! Parce que ce travail ne correspond­ait plus à mes valeurs, j’ai commencé à réfléchir à un changement de vie et à en parler à Teddy. Si au départ, il a été surpris, il était également d’accord pour proposer un autre cadre de vie à nos enfants, plus simple, plus respectueu­x et plus proche de la nature. Comme moi, il souhaitait profiter davantage de nos six enfants.

Nous avons mis trois ans pour affiner notre projet. Après de nombreuses discussion­s, nous avons décidé de chercher une grande maison, avec un vaste terrain, pour planter des arbres fruitiers, installer un grand potager mais aussi des enclos pour des bêtes : des poules, des lapins, des chèvres… pour commencer ! Notre but ? Devenir le plus autonome possible pour la nourriture ! Parce que le Haut-Jura se situe près de la Suisse, l’immobilier coûtait cher. Après en avoir débattu en famille, nous avons donc choisi de nous installer en Occitanie, région que nous connaissio­ns pour y avoir séjourné lors de nos vacances. En effet, une de mes proches amies, habitant à Tarbes, nous avait fait découvrir les environs. Nous souhaition­s également du soleil, de la campagne, des grands espaces et un bien immobilier accessible pour notre budget !

Au printemps 2018, après avoir embarqué toute notre tribu dans notre van, nous avons

visité différente­s maisons à vendre… et nous avons tous eu un coup de coeur pour une ancienne ferme avec une incroyable vue sur la chaîne des Pyrénées. Il y avait des travaux mais cette maison était une évidence : ce serait notre nouveau chez-nous ! Fin juillet, nous y posions nos valises, tout excités de démarrer une nouvelle vie. Nos proches n’étaient pas surpris par notre décision, ils savaient que, même si notre commerce marchait bien, il ne nous rendait pas heureux, dans notre petit village de montagne. Et que ce n’était pas notre premier déménageme­nt : à 25 ans, avec nos deux aînés, Teddy et moi avions déjà quitté notre Normandie natale pour la montagne. Même s’ils ont dû quitter leurs copains, nos enfants ont très bien pris ce changement de vie : j’ai pris soin de les impliquer au maximum dans nos décisions. La perspectiv­e de pouvoir profiter davantage de leurs parents les enchantait.

Aujourd’hui, nous avons aménagé notre maison dans laquelle nous nous sentons vraiment

bien. Nous continuons les travaux, petit à petit, mais c’est déjà très confortabl­e. Sur nos deux hectares de terrain, nous avons lancé un grand potager, nous avons installé des poules

Je veux montrer qu’appliquer le zéro déchet, avec 6 enfants, c’est possible !

dont nous mangeons les oeufs, des chèvres dont nous consommons le lait avec lequel nous faisons du fromage… Je mets en conserve mes légumes, je fais sécher mes oignons… Pour les autres aliments, je profite des marchés de qualité des environs. Nous fabriquons nos laitages, nos biscuits, nos brioches pour le petitdéjeu­ner, nos produits d’entretien… Même pour la déco, les vêtements, l’électromén­ager, je mise sur l’occasion. Nos enfants sont heureux de gambader dans notre jardin et tous se sont vite fait de nouveaux amis.

Nous avons été super bien accueillis par nos voisins et le maire de notre village. La région se vide et tout le monde était content de voir débarquer une ribambelle d’enfants. Teddy travaille à mi-temps comme ouvrier agricole. De mon côté, je m’occupe de mon blog, ma page Facebook et de mes vidéos YouTube où je raconte notre quotidien, livre des recettes et des bons plans. Je suis devenue blogueuse profession­nelle : je veux montrer au plus grand nombre qu’élever six enfants, en appliquant au maximum le zéro déchet, est possible ! Bien sûr, nous n’avons pas la même aisance financière qu’auparavant, mais nous dépensons moins en cuisinant, en bricolant, en achetant d’occasion, en faisant de la récupérati­on ou du troc. Et nous avons beaucoup gagné en qualité de vie. Plus proche de la nature, plus disponible pour mes enfants, je me sens enfin bien dans mes baskets. Notre nouveau projet ? Installer trois yourtes dans le jardin pour les touristes. Elles seront autosuffis­antes en énergie grâce à des panneaux solaires. Et zéro déchet, bien sûr ! Ophélie

* Rens. sur facebook.com/beaufourfa­mily.

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