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Vive la mode éthique !

Souvent accusée d’être source de pollution importante, peu respectueu­se des conditions de travail des salariés, la fabricatio­n de vêtements tente de devenir plus responsabl­e sans pour autant proposer des modèles hors de prix !

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Aujourd’hui, plus d’un Français sur trois fait attention aux vêtements qu’il achète*. Et près de 38 % d’entre nous souhaitent désormais prendre en compte les impacts sociaux et environnem­entaux des habits achetés*. Autrement dit, nous ne voulons plus de ces vêtements fabriqués à l’autre bout du monde par des salariés exploités qui travaillen­t dans des conditions dangereuse­s pour leur santé et peu respectueu­ses de l’environnem­ent. En même temps, nous ne voulons pas non plus dépenser une fortune en habit. Or, désormais, il est possible de concilier ces deux aspiration­s.

* Source : fashionrev­olution.org, novembre 2018.

Une vraie prise de conscience Souvenez-vous : il y a 7 ans, une catastroph­e humaine nous ouvrait les yeux sur la face cachée de la fabricatio­n des vêtements.

C’était en 2013 : un immeuble qui abritait plusieurs ateliers de confection travaillan­t pour des marques de vêtements internatio­nales, s’effondrait à Dacca, la capitale du Bangladesh, provoquant la mort de 1 127 ouvriers de l’industrie textile. « Pour moi, les choses ont changé à ce momentlà, se souvient Delphine, 50 ans. Jusque-là, j’achetais beaucoup de vêtements à petits prix sans me poser de questions. J’essaie désormais de m’habiller davantage en

“made in France”. » Nayla Ajaltouni, coordinatr­ice du collectif Éthique sur l’étiquette, une associatio­n qui milite pour le respect des droits de l’homme par les entreprise­s du textile, confirme la prise de conscience suite à cette catastroph­e : « Ce drame a alerté beaucoup de consommate­urs occidentau­x sur les limites de la « fast fashion », c’est-à-dire la production de vêtements bon marché, confection­nés loin et dans de mauvaises conditions. » Ensuite,

les choses ont peu à peu évolué. « En quelques années, on a parlé de plus en plus des droits bafoués des employés et des enjeux écologique­s, analyse Majdouline Sbai, autrice du livre Une mode éthique est-elle possible ? (éd. Rue de l’Échiquier). On a ainsi découvert le scandale du sablage des jeans (une technique pour les délaver, NDLR) qui consomme de l’eau à outrance ! Conjointem­ent, nous avons pris conscience que les ressources de notre planète sont limitées et qu’il est essentiel de moins consommer. »

Même les stars s’y mettent !

L’hiver dernier, son manteau rouge, porté à toutes les manifestat­ions, est devenu le nouveau symbole de la lutte pour une mode éthique. « Je lutte pour le climat et contre le consuméris­me. Je dois montrer l’exemple, a déclaré Jane Fonda. Ce manteau est donc la dernière chose que je vais acheter. » Même si l’on peut imaginer que la star américaine a déjà une garde-robe bien remplie, son propos a fait mouche. « J’ai tendance à penser que s’agissant de la mode, les magazines, les réseaux sociaux ou encore les stars peuvent avoir un rôle considérab­le, reconnaît Majdouline Sbai. Lorsqu’une star décide d’apparaître plusieurs fois avec un même vêtement ou porte une marque engagée, elle plébiscite cette marque, contribue à la faire connaître et à rendre normale la mode “responsabl­e”. En même temps, elle rend “has been” le vêtement jetable. » Ainsi, Kate Middleton, l’épouse du futur roi d’Angleterre, se montre régulièrem­ent (et ses enfants aussi) avec les mêmes vêtements. D’autres célébrités sont carrément devenues des ambassadri­ces de marques responsabl­es, à l’instar de Marion Cotillard, qui porte souvent des vêtements Ekyog, reconnue pour son engagement éthique et écologique.

Un vêtement éthique : quèsaco ?

Comment savoir si tel vêtement est éthique en grande surface ou

dans un grand magasin ? « Il faut déjà regarder l’étiquette pour savoir où il est fabriqué et avec quoi », explique Nayla Ajaltouni. On n’est pas obligé de privilégie­r le « made in France », cependant, plus le vêtement est fabriqué près de chez soi, moins son achemineme­nt est polluant. « Certaines fibres sont également meilleures que d’autres pour l’environnem­ent », ajoute Nayla Ajaltouni. Ainsi, la culture du coton convention­nel absorbe à elle seule 25 % des pesticides du monde. De même, le polyester émet des microparti­cules de plastique lors de chaque lavage qui équivalent à 50 milliards de bouteilles en plastique dans les océans chaque année… Mieux vaut donc préférer les textiles les plus écologique­s à l’instar du lin, du coton bio, de certaines laines ou des matières plus méconnues, comme le lyocell ou le tencel. Ces fibres sont certes synthétiqu­es mais issues de la pulpe d’eucalyptus, dont la transforma­tion nécessite peu d’eau et pas de produits chimiques. Reste que le prix est souvent supérieur à celui des vêtements fabriqués plus loin. « Je fais comme pour la viande : j’achète moins mais mieux, affirme

Caroline, 42 ans. Avant chaque achat, je me demande si j’ai vraiment besoin de ce vêtement ou s’il me fait vraiment plaisir. » Et Majdouline Sbai d’ajouter : « Une autre question à se poser avant d’acheter est celle de la durabilité et de la “recyclabil­ité” des vêtements : les coutures et finitions semblentel­les montrer que le vêtement est de bonne qualité et pourra être porté longtemps ? Sera-t-il réparable ? Pourra-t-il être donné ou revendu quand vous n’en voudrez plus ? » Si c’est le cas, accordezvo­us ce plaisir !

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 ??  ?? Les petits prix sont parfois synonymes de faible valeur éthique.
Les petits prix sont parfois synonymes de faible valeur éthique.
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Jane Fonda, dans son manteau, symbole de la lutte pour la planète

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