SÉOUL, NOUVELLE CAPITALEDE LA MODE?
Après trois ans d’interruption, la fièvre de la Fashion Week s’est de nouveau emparée de la mégapole coréenne. Ainsi, vingt-neuf maisons locales et internationales y ont présenté leur défilé printemps-été. Dont AMI, qui inaugurait aussi sa première boutique séoulite.
DU 11 AU 15 OCTOBRE DERNIER, LA SEOUL FASHION
printemps-été 2023 retrouvait le Dongdaemun WEEK Plaza, bâtiment futuriste dessiné par la disparue Zaha Hadid. Après trois ans d’interruption due au Covid, la folle énergie vestimentaire de la génération Z s’emparait de la capitale de Corée du Sud dès les abords de l’édifice miroitant, rivalisant de style en pantalons cargo oversized, vestes XXL et crop tops. Une trentaine de labels installés et de jeunes pousses se partageaient les podiums. C’est la sobriété raffinée, inspirée du vêtement traditionnel coréen, de la designeuse indépendante Demoo Chunmoo Park qui inaugurait l’évènement. Chez Songzio, branche mode du conglomérat Samsung, les panoplies unies bleu turquoise ou rose fuchsia prenaient des allures de manifeste pop. Quant aux mannequins de plus de 50 ans du show Jung Heezin, elles cassaient les codes de la toute-puissante K-beauty.
le « gender fluid » CÔTÉ MARQUES ÉMERGENTES, s’imposait, avec les jupes-culottes des mannequins masculins d’Iryuk notamment. « Les Coréens du Sud sont très forts en mode homme. D’ailleurs, beaucoup de femmes y puisent des pièces, explique Imad Fradj, consultant pour la marque Wooyoungmi, qui a une boutique à Paris. Au point que la marque compte désormais une collection femme. » Juliette Leca, acheteuse de mode femme au Bon Marché, salue l’innovation des matières du vestiaire coréen. Des marques comme Le17septembre, vendue dans le grand magasin parisien, mélangent la laine et le nylon par exemple. «Des coupes et des matières que je n’ai vues nulle part ailleurs », note l’acheteuse. Imad Fradj est fasciné par la vitesse à laquelle Séoul change et invente. « En termes de consommation, c’est fracassant. Ils nous bluffent avec leurs voitures, leurs smartphones. Le pays détient la recette du succès. » Juliette Leca renchérit: « Ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe en dehors des défilés. Il faut aller dans les boutiques Gentle Monster, Tamburins, Adererror. Les mises en scène et les décors sont fantastiques. » La marque française AMI l’a bien compris, qui vient d’ouvrir sa première boutique à Séoul… et la majorité de son capital à une société de capital-risque chinoise. Le défilé résolument sexy de son créateur Alexandre Mattiussi a embrasé la place de Gwanghwamun. Aux premiers rangs, on pouvait reconnaître Isabelle Adjani, « incognito » sous sa casquette, l’exministre Fleur Pellerin, de passage pour la sortie de son autobiographie publiée en Corée du Sud, des stars de la K-pop ou le tiktokeur américain Vinnie Hacker. Preuve que c’est (aussi) là que ça se passe désormais.