KRISHNA CLOUGH,
bler la cavité tumorale et rendre au sein un galbe naturel. L’heureuse nouvelle ? Ce n’est pas réservé aux petites tumeurs. « Cela permet, au contraire, de sauver le sein en cas de grosse tumeur ou lorsqu’elle est mal placée, souligne le Dr Clough. Avant, on disait aux femmes : “Mieux vaut enlever le sein et le reconstruire, car le résultat esthétique sera trop mauvais.” Désormais, on peut enlever des tumeurs de 3 ou 4 cm – si les conditions cancérologiques le permettent, bien sûr – en laissant un sein sans déformations et en assurant, de surcroît, une plus grande sécurité cancérologique. En effet, le merveilleux de cette technique, c’est qu’elle permet d’enlever davantage de glande mammaire autour de la tumeur sans pénaliser l’esthétique du sein. Or cette bonne marge de tissu qu’on retire contribue à réduire le risque de récidive. » Bousculer les consensus en cas de mastectomie Pour les 28 % de femmes qui subissent une ablation totale, la reconstruction immédiate du sein n’est possible qu’en l’absence de radiothérapie programmée par la suite, car les rayons altèrent la reconstruction. Pas question, pour autant, selon un certain nombre de cancérologues, d’en rester là : « Quand une femme me dit : “Je ne peux pas vivre si je reste sans sein pendant huit mois ou un an”, le temps d’attendre la fin des traitements, on a une solution, confie le spécialiste. A savoir, qu’elle fasse sa radiothérapie en amont de la mastectomie, et non après. Ainsi, la peau et le muscle pectoral sont traités, au cas où il y aurait des cellules tumorales indétectables à distance de la tumeur ; puis, six semaines plus tard, on fait la mastectomie suivie de la re- construction. » Actuellement, 4 ou 5 % des femmes bénéficient de cette inversion du protocole standard, mais des études sont en cours afin de l’étendre. Pour aller dans le même sens, le sacrifice de l’aréole et du mamelon pourrait devenir moins systématique. Ils sont retirés pour limiter le risque de récidive locale, mais certains chirurgiens les préservent déjà, au cas par cas, notamment lorsque la tumeur est située loin de l’aréole. Afin de définir un consensus national, une étude a également débuté. TOUJOURS MÈRE APRÈS LE CANCER 5 % des femmes ont moins de 40 ans lorsque tombe le diagnostic, et la fertilité de beaucoup d’entre elles ne résiste pas à la toxicité de certaines chimiothé- rapies. Pour la préserver, la médecine de la reproduction dégaine ses armes. Et avec une vigueur nouvelle depuis le 7 juillet 2011, date à laquelle la vitrification des ovocytes a enfin été autorisée en France, après la révision des lois de bioéthique. Cette technique de congélation ultra-rapide évite la formation de cristaux de glace délétères à l’intérieur des cellules. Résultat : cela accroît les chances de réussite de la fécondation in vitro (Fiv) réalisée après le cancer. Et, pour les femmes, celles de porter un enfant. Cent trente-deux ont fait vitrifier leurs ovocytes avant leurs traitements en 2011 Si on est en couple, l’alternative est de procéder d’emblée à une Fiv avec les spermatozoïdes du partenaire pour concevoir un embryon qui sera congelé. « C’est un fantastique