Singapour : escale à l’aéroport Changi
Dans l’aéroport de Singapour, installations artistiques ludiques et jardins surprenants étourdissent les voyageurs au point qu’ils en oublient leurs vols. Au fil de ses terminaux sidérants, Changi est une destination autant qu’une escale.
Prendre un bain de soleil et faire un dernier plongeon sous les palmiers de la piscine turquoise posée sur le toit. Voir un film dans les fauteuils club des cinémas gratuits. Siroter un cocktail en surveillant l’envol des jets, au bar design du Cactus Garden, entouré de plantes vernissées venues des déserts du monde entier. Surprendre les papillons en leur jardin, batifolant entre une cascade, une grotte et trois étages de parois vitrées, quand ils butinent des tranches d’ananas cachées dans les feuillages. Et profiter d’un tas d’autres divertissements inattendus en flottant sur les milliers de mètres carrés d’une moquette aux motifs fleuris, dans une atmosphère feutrée bienvenue dans ces lieux généralement bruyants et stressants. Le tout enveloppé par un discret parfum de thé d’orchidée concocté spécialement pour euphoriser les voyageurs! Un centre de loisirs d’un genre nouveau? Non, cet éden n’est autre que l’aéroport international de Singapour. Ce hub asiatique unique où se croisent chaque année 60 millions de passagers – qui l’élisent régulièrement meilleur aéroport au monde – s’est métamorphosé au fil du temps en parc d’attractions et galerie d’art où voisinent une nature exaltée et des oeuvres cinétiques et ludiques. On veut tous rater son avion et prolonger l’escale à Changi, cette bulle de fantaisies et de caprices où les aires de jeux rivalisent avec des zones de shopping dans des mises en scène clinquantes, Singapour oblige. Telle l’enfilade aux tons pastel des façades pimpantes reconstituées de shophouses Peranakan dans l’Heritage Zone, proposant les marchandises nostalgiques et artisanales des premiers immigrants chinois. Pour connaître où retrouver le vrai goût de Singapour, petites bouffes au long d’une Food Street où les affamés font la queue devant les échoppes des “hawkers”. Mais le comble de l’originalité culinaire est de descendre dans la cantine des employés, ouverte à tous, où les dumplings et les nouilles de riz sont imbattables question saveur et question prix. Après les galères aéroportuaires habituelles, débarquer ou embarquer à Changi est comme plonger pour quelques trop courts instants dans le monde opulent, toutes classes confondues, d’un paquebot de croisière sans roulis.