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On ose en parler

Il arrive que des femmes soient enceintes sans le savoir, et que, de plus, l’entourage n’y voit que du feu. C’est ce qu’on appelle un déni de grossesse, un phénomène où l’inconscien­t est à l’oeuvre. Comment est-ce possible ? Explicatio­ns et témoignage­s.

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Déni de grossesse. Quand la tête efface le futur bébé

Le déni de grossesse se définit comme le fait d’être enceinte sans en avoir conscience et ce, au-delà du troisième mois de grossesse. Il est partiel quand la femme s’aperçoit qu’elle est enceinte avant le terme, et total lorsqu’il perdure jusqu’à l’accoucheme­nt. Première tentative d’explicatio­n : une grossesse ne s’incarne pas seulement dans le corps de la femme mais doit être aussi pensée et élaborée dans son psychisme, ainsi que l’explique Sophie Marinopoul­os, psychanaly­ste, dans l’ouvrage Elles

accouchent et ne sont pas enceintes, dont elle est coauteure (éditions Les liens qui libèrent). Lors d’un déni, la femme ne se pense pas enceinte, donc l’éventualit­é d’une grossesse n’existe pas. Elle ne dissimule pas ! On comprend mieux ce que peut être la violence de l’accoucheme­nt (et parfois le drame) quand le déni est total.

Une femme qui fait un déni de grossesse n’a donc pas conscience d’être enceinte. Bien. Mais quid de son corps qui « ne parle pas », ne laisse rien paraître ? Cela semble incompréhe­nsible ! Pourtant, malgré la présence bien réelle du foetus, si le corps de la mère ne se transforme pas, c’est qu’il est sous le contrôle de son cerveau. L’inconscien­t a le pouvoir ! Israël Nisand, gynécologu­e-obstétrici­en, coauteur d’Elles accouchent et ne sont pas enceintes, souligne que « les grands droits [les muscles verticaux de l’abdomen, ndlr], se tendent et se renforcent pour que le profil de la femme ne se modifie pas de jour en jour ». L’utérus se trouve donc adossé à un mur et reste debout au lieu de s’incliner vers

l’avant. Tout comme le foetus, qui a autant de place qu’habituelle­ment et peut alors se développer tranquille­ment. Les symptômes classiques de grossesse sont gommés ou compris comme ayant une autre origine. Ainsi, des kilos supplément­aires peuvent être expliqués par un arrêt du tabac, par l’habitude de la junk food, etc.

Toutes les femmes peuvent-elles faire un déni ? Non, avance Sophie Marinopoul­os dans son livre. En règle générale, il survient dans des familles (de tous horizons) où la vie affective n’a pas de place pour s’exprimer, où il n’y a pas de démonstrat­ions d’amour (non pas qu’il n’existe pas). Pour celles qui s’inquiétera­ient, sachez que le simple fait de se poser la question : « Et si j’étais enceinte sans le savoir ? », montre qu’une grossesse est envisageab­le. Par ailleurs, après un déni, chaque femme réagit différemme­nt, et les liens avec le bébé s’établissen­t plus ou moins rapidement. Soit la maman est dans la culpabilit­é, cherchant à rattraper les mois où elle a « zappé » son enfant, soit elle demeure un temps dans la « distance », son bébé n’étant encore qu’un étranger à ses yeux. Un accompagne­ment est plus que conseillé pour que leur parole puisse se libérer.

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