SOIGNANTS LA FACE INTIME DE L’ENGAGEMENT
À J + 2 du confinement, mi-mars, Charlotte Henry de Villeneuve, trentenaire dont le métier est d’aider entrepreneurs et dirigeants à renforcer leur prise de parole, a changé de cap et décidé de recueillir en priorité la voix de soignants, toutes catégories, tous échelons, tous métiers confondus. Et l’on entend sous sa plume, sur le site qu’elle a créé, nosconfinements.com, l’infirmière puéricultrice en crèche hospitalière Marie-France évoquer « l’inquiétude des parents soignants, en première ligne dans la bataille », leur besoin d’être rassurés quant à la bonne prise en charge de leurs enfants, qui, à 2 ans, ont bien du mal à observer la « distanciation sociale ». Ou la voix de la Dr Laura Berlingo, gynécologue obstétricienne à l’hôpital, raconter comment la ruche d’un service de naissance a suspendu ses bruits et ses rires, et pourquoi elle lutte encore pour la présence de pères en salle d’accouchement, eux qu’on a interdits en suites de couches désormais. « Je vis, je pense, je mange et je dors Covid », confie la médecin. Camille Cachoux, aidesoignante en gériatrie à Paris, étudiante-infirmière en deuxième année, garde son portable allumé nuit et jour. Elle fait la toilette des vivants, et des morts. « Ma détermination est intacte, dit-elle, mais le physique a du mal à suivre. J’ai l’impression de ne plus savoir ce qu’est une vie normale. » À l’écoute de leurs mots, Charlotte Henry de Villeneuve entend aussi ce cri récurrent : « Ne laissez pas tomber l’hôpital public après la crise ! » Pour elle, c’est une évidence : « La vocation de ces soignants, leur implication étaient là avant la crise, elles seront là après. » Mais personne, des politiques aux citoyens, ne devra manquer de les soutenir dans ce qui devra être remis sur pied, repensé, réinventé.