Évasion : cercle de vie.
INSOLITE ET AVANT-GARDISTE, CETTE MAISON DU PROGRAMME SOLO HOUSES, INITIÉ PAR CHRISTIAN BOURDAIS, SE FOND DANS LA NATURE SAUVAGE DU PARC LOS PUERTOS DE BECEITE, EN ESPAGNE. EN FORME D’ANNEAU, SANS MURS, DOTÉE DE FAÇADES COULISSANTES, ELLE EST D’UNE LIBERT
COMME UN ANNEAU PASSÉ AU DOIGT DE LA FORÊT, cette maison fait partie d’un incroyable projet : célébrer l’union libre de l’architecture et de la nature. Nous sommes en Espagne, à la frontière de la Catalogne et de l’Aragon, à quarante minutes de la mer et à deux heures de Barcelone. Ce parc sauvage de cinquante hectares, Los Puertos de Beceite, est le terrain de jeu de l’entrepreneur français Christian Bourdais, amoureux fou d’architecture, et de sa femme, Eva Albarran, spécialisée dans la mise en oeuvre de projets d’art contemporain et d’événement culturels. Ensemble, ils ont ouvert il y a deux ans, rue des Arquebusiers à Paris, la Galerie Solo Projects. Elle donne à voir le meilleur de l’architecture d’avant-garde. Mais, encore mieux, Solo Houses la donne à vivre. Grandeur nature. L’idée de Christian Bourdais : « Réinventer la maison secondaire, donner carte blanche à la génération montante des architectes pour créer une collection de maisons totalement inédites. À acheter ou à louer le temps d’un week-end, de vacances. »
MOT D’ORDRE : SANS LIMITES
Dans ce land art ibérique, l’imagination a tout pouvoir. « Ici, insiste Christian Bourdais, l’architecte a la liberté de l’artiste, seul le paysage lui impose sa contrainte. » Au total, quinze agences, dans le monde entier, ont été sélectionnées pour y bâtir leur château, idéal, en Espagne. Un hôtel de trente chambres, conçu par Smiljan Radić (l’architecte de la Serpentine Gallery, à Londres), viendra offrir ses services aux résidents des maisons. C’est pour dans un an. Mais, pour l’heure, la villa anneau est la deuxième geste architecturale de cette folle entreprise à ouvrir ses portes. De portes, en fait, il n’y en a
pas vraiment ! C’est une maison sans murs, à la fluidité translucide, qu’ont voulue les architectes bruxellois Kersten Geers et David Van Severen, d’Office KGDVS. Rien ne vient briser son cercle, soutenu uniquement par quatre colonnes d’acier, traversé de part en part par la lumière du jour ou les reflets nocturnes de la Lune. Est-on dedans ? Est-on dehors ? On ne sait plus.
SPHÈRE INTIME
Ses façades, faites de panneaux ultralégers, peuvent coulisser intégralement. Seuls une volée de rideaux, quelques panneaux en Inox amovibles, où vient se réfléchir le paysage, et des claustras extérieurs en aluminium presque transparent modulent et définissent la scénographie d’ouverture, de fermeture, d’intérieur, d’extérieur et d’intimité de cette boucle de verre. L’aura de cette maison a quelque chose de confondant, tous les sens y sont en émoi : son intérieur est extraverti, son extérieur introverti. Bien à l’abri dans sa chambre, on a la sensation de dormir à la belle étoile. A contrario, dans son patio central de mille mètres carrés, où le ciel se mire dans un bassin-piscine, on a l’impression d’être dans le cocon protecteur d’un salon. Et, pour aller de pièce en pièce, il ne viendrait à personne l’idée de rompre la magie du cercle. On suit docilement sa promenade architecturale, tournicotant de la cuisine au salon, du salon à la chambre… comme emporté par une folle farandole où nature et maison font corps.
ÉCOCONCEPTION
Parfaitement autonome en eau et en électricité, sans autre vis-à-vis qu’un écrin de verdure, cette villa a de quoi faire fantasmer tout passionné d’architecture en quête d’expérience nouvelle. Et Christian Bourdais, en doux bâtisseur de rêves, n’a pas fini de nous surprendre avec ses Solo Houses. www.solo-projects.com