CAUSE TOUJOURS
Un mot d’hommage sur l’auteur, intellectuel d’origine égyptienne, traducteur de Freud et de Hegel en langue arabe. A 96 ans, cet homme, débarqué à Paris en 1947, compagnon et élève de Lacan, fut un psychanalyste, un vrai. Non pas ce qui se colporte, aujourd’hui, sous le nom de « développement personnel », de « psy » de confort, sous la férule charlatanesque du coach ; bref d’accommodement, à bien vil prix, avec
notre propre vie psychique. Intitulé La Psychanalyse : Science, thérapie et cause,
cet essai s’ouvre sur la saga bien vivante de l’histoire du mouvement freudien, depuis son coup d’envoi radical. C’est l’aventure de la psychanalyse et la première constellation des pionniers qui firent cap sur le nouveau monde d’une causalité psychique, certes déroutante, celle de l’In -
conscient. On pourrait croire la discipline abstraite et jargonnante. On n’a pas toujours tort. Pourtant, rien dans la psychanalyse qui ne soit tiré de la vie humaine, de l’angoisse que suscite le désir, des embarras plus ou moins intenses du symptôme, voire même, cas extrême, de la folie. C’est notre confrontation insistante avec notre désir méconnu, avec les effets de la sexuation (être homme ou femme), avec le manque (la castration, dit-on, en psychanalyse), bref, avec tout ce qui oriente implacablement, à notre insu, notre propre vie. Voilà un livre qui parlera à tous ceux qu’intéresse la condition humaine, qui est celle de la parole, des mots qui font souffrir et qui se jouent de nous. Ce joyeux manuel de résistance à l’éternelle bêtise se révèle un viatique pour les temps incertains qui sont les nôtres.