Making ouf, remettre en ordre le monde
9 h 22 : Tramway T9. Place de la logistique. Rungis. Villejuif. Je me ronge les ongles. Pour me calmer, je consulte l’étymologie du mot «coulisse». Un café au Coche. Et j’y suis.
9 h 30 : Le comité de rédac se passe au sous-sol. 34 écrivaines et écrivains dont la moitié Québécois. 2 rédacteurs en chef invités qui en plus de «ranger le chaos» veulent «remettre en ordre le monde» : Dany Laferrière et Hervé Le Tellier. La réunion commence, pilotée par un «vrai» rédac en chef. Tour de table. Trahison : certain.e.s ont déjà planché, fini leur article. Le «vrai faux» rédac : «A moins d’une attaque nucléaire, le cahier Québec tient !»
9 h 33 : Ma voisine, Colombe : «Y a comme un bruit de quelqu’un qui ronfle, non ?»
9 h 50 : Il faut faire le tri. Autopsier l’actualité. Attaque à Bordeaux. Suicide à Reims. Pass colo. Randonneuse retrouvée morte en Italie. Un Japonais astronaute. Pacte immigration. Prix du carburant. Pénurie d’eau à Bogotá. Boîte de Tramadol. #Metoo médecine. Belinda rebondit sur le miel.
9 h 59 : «Le steak végétal, on l’a pas fait hier ?»
10 h 01 Le vrai rédac : «Surtout ne vous inquiétez pas !»
10 heures : Ivan Jablonka arrive en retard. Erwan : «Un problème de camping-car ?»
11 heures : Je crois entendre : «Chaos chez les écolos.»
11 h 01 : Reuters : «Attaque mer air commando.» Au secours Gaza. Des rumeurs sur l’Iran.
11 h 20 : Un écrivain a pris la défaite du PSG. La chance !
11 h 21 : La une hésite entre : le droit des nuages + la crise de l’eau ; ou Gaza ?
11 h 45 : Qui prend le miel ?
11 h 46 : L’environnement est évoqué : parler des polluants éternels ? Je marmonne : la littérature est-elle un polluant éternel ? Une journaliste parle du coût caché du plastique.
11 h 55 : «OK, partons sur l’eau.» Mais alors qui prend l’eau ?
11 h 52 : Un journaliste n’articule pas quand il aborde l’affaire de la radio NRJ. Il est puni : il doit répéter NRJ dix fois. Lentement. En articulant.
11 h 53 (lien de cause à effet ?) : Le service Idées nous dit : «Indignez-vous !» Le service culture : «La censure devrait intéresser nos amis écrivains, non ?»
11 h 55 : Il y a donc des sujets froids, tièdes, chauds. Quelqu’un hurle : «On est dominé par l’actu !»
11 h 50 : Les lumières s’éteignent et s’allument. Un phénomène paranormal ? Un fantôme hante-t-il le sous-sol ?
11 h 51 : Le vrai rédac en chef dit : «C’est un biais du métier de journaliste : se focaliser sur les mauvaises nouvelles. On est en pleine fatigue informationnelle.» Dany Laferrière commente : «La noirceur s’enténébrera.»
10 h 48 : L’écoanxiété. Enfin.
11 h 55 : «On connaît bien Jack Kerouac mais on connaît moins bien mon arrièregrand-mère.»
10 h 55 : Eric Chacour a disparu ! (Kidnappé par une IA ?) (Le sujet de son article ?)
11 h 56 : «Moi mon rêve c’est le Libé des écrivaines !» Réponse : «On va trouver une solution !»
12 heures : La une «eau» est adoptée.
11 h 11 : On parle d’IA. Mon ordi plante. Il faut aussi parler du déclin de la lecture. Quid de la fiabilité des ordis ? La question horoscope est soulevée. Maxi 300 signes (astrologiques ?)
11 h 10 : Les lumières s’éteignent et se rallument toujours.
12 heures : «Partons sur l’eau !», «Est-ce que cette phrase fait sens ?», «Quitte à monter à Paris, autant partir sur l’eau».
12 h 30 : Sur l’eau, on manque de bras. Sur
Gaza, on manque de bras. Sur 36 écrivain·es, il n’en reste plus que 12. On est dans une téléréalité à élimination directe ? 12 h 31 : J’ai besoin d’un Doliprane. Problème : personne ne peut s’enfuir (on n’a pas de badge) On est dans un Escape
Game ?
12 h 45 : Remise en cause : «Pas d’angle fort sur l’eau», «l’eau c’est un enthousiasme qui s’évapore».
13 heures : Trop d’angles ou pas assez d’angles ?
14 heures : Le service International : «Il ne faut pas écarter la possibilité d’une escalade.»
12 h 17 : «Le Making ouf, ça va ?», «Non !»
13 h 19 : «Je veux écrire un conte», «euh, sous quel angle ?», «l’angle de l’eau.», «s’il fait un conte, il faut le re-conte-xtualiser !» 14 h 05 : Faut qu’on parle horaires.
16 h 06 : Je demande un Doliprane. On me donne un générique.
15 h 12 : «L’O est la voyelle moins utilisée de la langue française.» Pour l’éditeau, le défi est donc oulipien : écrire sans O. Quelqu’un plaisante : «C’est assécher la langue française !»
13 h 13 : Pour l’horoscope : amour, travail ou santé, il faut choisir. On peut pas tout faire. Moi (cri du coeur) : «On enlève l’amour alors !» Refus sec de la rédac. La santé trinque !
16 h 45 : Les écrivains sont éparpillés. J’en retrouve au service International, au service Culture, au service Photo, au sous-sol, sur le canapé, sous une table, dans une cabine insonorisée, chez l’avocat, chez le psy. 17 h 10 : «Où sont les croissants ?»
18 h 34 : On passe les photos de la une en revue. Quelqu’un dit : «C’est bien la goutte !» Un autre : «On peut éviter d’être efficace.» On opte pour l’inefficacité. A l’unanimité.
18 h 47 : Claire : «On est à l’eau mais où est le vin ? !»
19 h 59 : On boucle le making ouf.