Pour Macron, des mesures progressistes à peu de frais
Qui a dit que le macronisme n’était plus qu’une variante de la droite ? Le Président tente de gauchir certains aspects de sa politique. Vous avez remarqué ? La charge de Gabriel Attal samedi, à Lille, lors du premier meeting de la campagne des européennes en soutien à la liste de la majorité menée par Valérie Hayer, n’était dirigée que contre le Rassemblement national (RN). Les insoumis, pourtant considérés il y a peu comme indignes de faire partie de «l’arc républicain», étaient totalement épargnés. Valérie Hayer avait même, quelques jours plus tôt, estimé que Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, pensait comme elle à 90 %.
On sortait à peine d’une séquence de victoire culturelle de la gauche avec l’inscription de la liberté d’avorter dans la Constitution. Et, juste avant, le Président avait fait entrer le couple Manouchian au Panthéon et rendu hommage, dans son discours, à ces résistants étrangers et communistes. La position très ferme exprimée par la France contre Israël et son opération meurtrière sur Gaza ne peut décemment pas être attribuée à une tactique de politique intérieure. Nous ne ferons bien sûr pas l’injure au Président de croire que la politique extérieure de la France est dictée par des considérations bassement électorales. On se bornera juste à constater que ça fait masse avec les sujets évoqués plus haut. Et voici qu’Emmanuel Macron annonce une avancée significative à mettre sur le compte du progres sisme avec une loi mettant en place une «aide à mourir».
Là encore, il serait abusé de prétendre qu’Emmanuel Macron s’est déterminé sur un sujet si sensible pour complaire aux électeurs de gauche qu’il aurait déçus avec ses lois retraite, immigration et la nomination d’un gouvernement quasi-sarkozien. Toujours est-il que c’est à Libération (avec la Croix, qui n’est pas un journal de droite) qu’il a accordé une interview pour rendre public et détailler sa décision. Une décision prise, remarquons-le, après un processus vertueux – et prôné par la gauche – de démocratie participative innovante. L’ensemble de ces concessions à la gauche, dont les degrés de sincérité et de stratégie (l’un n’étant pas exclusif de l’autre) sont variables selon les cas, a une particularité : elles ne coûtent rien.
Aucune de ces mesures juridiques, symboliques, diplomatiques, éthiques ne comporte d’aspect véritablement économique et social. Ce sont des positions qui n’impliquent aucunes dépenses supplémentaires au trésor public. Manouchian au Panthéon plutôt qu’une hausse d’impôts sur les plus riches, l’IVG dans la loi fondamentale plutôt qu’un coup de pouce au salaire minimum, sur le papier, c’est assez malin. Dans la réalité, pas sûr, en ces temps d’inflation, que l’entourloupe à peu de frais, ce «quoi qu’il n’en coûte rien», ait de réelles répercussions électorales. C’est dommage qu’il n’y ait pas plus d’élections intermédiaires parce que c’est à ces moments-là seulement qu’Emmanuel Macron se souvient qu’il doit ses mandats, très largement, aux électeurs de gauche.