Grève à la tour Eiffel : le bras de fer se poursuit
Un soutien de poids. Jeudi, Sophie Binet a tenu une conférence de presse au pied de la tour Eiffel, entourée d’environ 150 salariés grévistes du site, mobilisés depuis quatre jours contre sa gestion financière. La secrétaire générale de la CGT a rappelé les raisons de la colère: «Il ne s’agit pas d’une question de sécurité pour les visiteurs, mais d’un problème d’investissements pour l’avenir, notamment sur le financement du chantier de peinture, qui est beaucoup plus cher que prévu, parce qu’il y a du plomb qui a été découvert.» Initialement budgétée à 50 millions d’euros, la nouvelle campagne de peinture aurait déjà nécessité le double pour seulement 30 % du bâtiment de repeint, selon les syndicalistes. Contactée, la mairie n’a pas confirmé ces informations.
La seule consigne laissée par Gustave Eiffel concernant l’entretien de sa tour était de la repeindre tous les sept ans pour éviter la rouille. Dix ans après les derniers coups de peinture, les syndicats dénoncent un monument «dans un état de dégradation avancé». Le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, a pourtant affirmé mercredi que la tour était «en très bon état».
Sophie Binet s’est indignée d’une «gestion court-termiste de la tour Eiffel, qui risque de sacrifier notre patrimoine à moyen et long terme, comme l’a été Notre-Dame de Paris». Selon elle, «ça paraît invraisemblable que la mairie de Paris n’ait toujours pas reçu les syndicats».
La Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) – contrôlée à 99 % par la mairie de Paris – compte quelque 360 salariés, dont un tiers sont actuellement en vacances. L’entreprise publique a donc vu environ les deux tiers de ses effectifs actifs présents organiser le piquet de grève, d’abord au pied du plus célèbre monument de la capitale, puis sous les fenêtres de l’hôtel de ville de Paris. Systématiquement revotée depuis lundi, la grève semble donc majoritairement suivie et soutenue par les salariés, qui se targuent d’un «très important taux de syndicalisation». Une mobilisation qui aura poussé la direction de la Sete à informer mercredi par SMS les représentants syndicaux qu’elle était désormais «ouverte» à de nouvelles discussions, «après nous avoir expliqué trois fois que le modèle économique était intangible», gronde le délégué syndical CGT Stéphane Dieu. Le président de la Sete et conseiller de Paris Jean-François Martins affirme à Libé que des «négociations sont toujours en cours», et qu’il ne s’autorise donc pas encore à faire des déclarations.
Pour Clément Bain, élu FO au CSE de la Sete, le mouvement serait de l’ordre du jamais vu : «C’est énorme, en trente-cinq ans comme travailleur à la tour, c’est la première fois que je vois une mobilisation avec autant de gens dès 8 h 30 du matin.»