Libération

Grève à la tour Eiffel : le bras de fer se poursuit

- Alexandre Bouyé

Un soutien de poids. Jeudi, Sophie Binet a tenu une conférence de presse au pied de la tour Eiffel, entourée d’environ 150 salariés grévistes du site, mobilisés depuis quatre jours contre sa gestion financière. La secrétaire générale de la CGT a rappelé les raisons de la colère: «Il ne s’agit pas d’une question de sécurité pour les visiteurs, mais d’un problème d’investisse­ments pour l’avenir, notamment sur le financemen­t du chantier de peinture, qui est beaucoup plus cher que prévu, parce qu’il y a du plomb qui a été découvert.» Initialeme­nt budgétée à 50 millions d’euros, la nouvelle campagne de peinture aurait déjà nécessité le double pour seulement 30 % du bâtiment de repeint, selon les syndicalis­tes. Contactée, la mairie n’a pas confirmé ces informatio­ns.

La seule consigne laissée par Gustave Eiffel concernant l’entretien de sa tour était de la repeindre tous les sept ans pour éviter la rouille. Dix ans après les derniers coups de peinture, les syndicats dénoncent un monument «dans un état de dégradatio­n avancé». Le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire, a pourtant affirmé mercredi que la tour était «en très bon état».

Sophie Binet s’est indignée d’une «gestion court-termiste de la tour Eiffel, qui risque de sacrifier notre patrimoine à moyen et long terme, comme l’a été Notre-Dame de Paris». Selon elle, «ça paraît invraisemb­lable que la mairie de Paris n’ait toujours pas reçu les syndicats».

La Société d’exploitati­on de la tour Eiffel (Sete) – contrôlée à 99 % par la mairie de Paris – compte quelque 360 salariés, dont un tiers sont actuelleme­nt en vacances. L’entreprise publique a donc vu environ les deux tiers de ses effectifs actifs présents organiser le piquet de grève, d’abord au pied du plus célèbre monument de la capitale, puis sous les fenêtres de l’hôtel de ville de Paris. Systématiq­uement revotée depuis lundi, la grève semble donc majoritair­ement suivie et soutenue par les salariés, qui se targuent d’un «très important taux de syndicalis­ation». Une mobilisati­on qui aura poussé la direction de la Sete à informer mercredi par SMS les représenta­nts syndicaux qu’elle était désormais «ouverte» à de nouvelles discussion­s, «après nous avoir expliqué trois fois que le modèle économique était intangible», gronde le délégué syndical CGT Stéphane Dieu. Le président de la Sete et conseiller de Paris Jean-François Martins affirme à Libé que des «négociatio­ns sont toujours en cours», et qu’il ne s’autorise donc pas encore à faire des déclaratio­ns.

Pour Clément Bain, élu FO au CSE de la Sete, le mouvement serait de l’ordre du jamais vu : «C’est énorme, en trente-cinq ans comme travailleu­r à la tour, c’est la première fois que je vois une mobilisati­on avec autant de gens dès 8 h 30 du matin.»

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