Libération

Soulagé, Israël fait profil bas

- Guillaume Gendron Libé.fr.

Daech» chargé des relations extérieure­s du mouvement islamiste, a estimé que la frappe américaine «ouvrait la porte à toutes les possibilit­és, sauf celles du calme et de la stabilité».

«Coup dur».

Le Premier ministre israélien a décidé vendredi matin de couper court à son week-end en Grèce. Il s’est fendu d’un commentair­e : «Tout comme Israël, les EtatsUnis ont le droit de se défendre. Trump a eu le mérite d’agir rapidement, avec force et déterminat­ion.» Dans le même temps, le cabinet de sécurité israélien s’est réuni à TelAviv sous l’égide du ministre de la Défense, le faucon Naftali Bennett. Lequel prophétisa­it il y a quelques semaines que la Syrie, théâtre d’une guerre larvée depuis plus de deux ans entre Israël et les forces AlQods de Soleimani, était en train de devenir «le Vietnam de l’Iran». Que change la disparitio­n de Soleimani pour Israël, qui se targuait en juillet d’être alors «le seul pays au monde à tuer des Iraniens» ? «D’un point de vue opérationn­el, c’est un coup très dur porté à Téhéran, estime le général retraité Yaakov Amidror, ex-conseiller à la sécurité nationale. Soleimani avait une expertise, une influence et une résilience hors norme. Cela fait partie des cas où une éliminatio­n peut avoir un réel impact au-delà du symbole, comme avec l’éliminatio­n d’Imad Moughniyeh», le «chef d’état-major» du Hezbollah, assassiné par Israël à Damas en 2008.

Veto.

A l’heure actuelle, impossible de dire dans quelle mesure Israël a pu être associé ou averti du raid américain sur l’aéroport de la capitale irakienne. Deux jours plus tôt, Nétanyahou et le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avaient échangé au téléphone au sujet «des actions importante­s des Américains contre l’Iran et ses supplétifs dans la région», selon le communiqué envoyé de la rue de Balfour à Jérusalem. Mi-octobre, le chef du Mossad, Yossi Cohen, assurait dans un entretien au magazine religieux

Mishpacha que l’assassinat de Soleimani n’était «pas impossible». En 2008, le Mossad était à quelques secondes de tuer Soleimani, comme le raconte le journalist­e d’investigat­ion Ronen Bergman dans son ouvrage référence, Rise and Kill First (2018, non traduit). Les espions israéliens avaient alors piégé la voiture d’Imad Moughniyeh à Damas, et attendaien­t le moment opportun pour faire détonner leur explosif. Voyant Soleimani et Moughniyeh monter ensemble, ces derniers demandèren­t la permission à leurs supérieurs de faire «d’une pierre deux coups». Mais le Premier ministre israélien Ehud Olmert, sous la pression de George W. Bush, avait mis son veto à l’assassinat de l’Iranien. Toucher à Soleimani aurait été perçu comme une déclaratio­n de guerre, alors qu’Israël préférait déjouer les plans des forces Al-Qods en Syrie par des frappes longtemps non revendiqué­es.

Correspond­ant à Tel-Aviv A lire en intégralit­é sur

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