Libération

A Nice, un candidat gilet jaune «autodéclar­é»

Soutien de Francis Lalanne aux européenne­s, Patrick Cribouw compte s’impliquer dans le scrutin de mars. Au grand dam de nombreux membres du mouvement.

- Correspond­ante à Nice Mathilde Frénois

Il s’excuse pour sa tenue. Ce jeudi de novembre, pas de gilet jaune. Patrick Cribouw se présente en pull et claquettes. «Je suis sur le départ pour Paris, se justifie-t-il. Mon zinc est à 18 heures.» Pourtant, l’homme n’a oublié ni sa ville de Nice ni le mouvement qui l’a occupé tous les samedis de l’hiver 20182019. A 65 ans, ce retraité affirme qu’il se présentera en mars aux élections municipale­s dans la cinquième ville de France, «vaille que vaille». Soit comme tête de liste sur un projet gilet jaune, soit en tant que colistier en ralliant une autre candidatur­e.

Patrick Cribouw est une figure des gilets jaunes sur la Côte d’Azur. Cet ancien directeur commercial a un temps voulu se lancer dans la course des européenne­s, avant de simplement soutenir la liste «Alliance jaune» de Francis Lalanne. Résultat: 0,6% des suffrages. «C’est une déception, dit-il avec six mois de recul. C’était un panier de crabes. On ne s’est pas organisé correcteme­nt. Quand on se rassemblai­t au QG, il n’y avait que la guéguerre des egos qui ressortait.» Une problémati­que toujours d’actualité. Présenté comme «caractérie­l» et «autoritair­e», Patrick Cribouw est loin de faire l’unanimité chez les gilets jaunes locaux. Une bonne partie ne reconnaît pas ses velléités de candidatur­e. «Il n’y a rien d’officiel, explique l’un d’eux. Patrick s’est autodéclar­é et rien n’a encore été décidé.» Un autre confirme : «Ce monsieur a pris le mouvement des gilets jaunes pour faire de la politique», raille Martial Toinon, le référent «médias» du mouvement dans les Alpes-Maritimes. Il s’oppose à Patrick Cribouw autant qu’à toute autre candidatur­e estampillé­e «gilets jaunes»: «Personne ne se présente dans les Alpes-Maritimes, dit-il. Nous ne sommes pas un mouvement politique. Pour les municipale­s, il faut avoir une équipe et de l’argent. On n’a pas la structure suffisante pour faire ce genre de choses.»

Fort de ses 4 000 likes sur Facebook, Patrick Cribouw affirme pourtant que des hommes politiques lui «font du pied». Il cite notamment le maire LR de Nice, Christian Estrosi. Et s’il «monte à Paris», c’est pour rencontrer les personnali­tés du mouvement et faire une ébauche de son programme : rendre le contournem­ent autoroutie­r de Nice «gratuit pour les travailleu­rs», contester les réformes du chômage et des retraites… Des idées issues du cahier de doléances qu’il garde précieusem­ent chez lui, ayant refusé de l’apporter en mairie. «Je ne cherche pas à être le maire de Nice, mais à être adjoint ou conseiller pour m’occuper des Niçois, partager leurs idées et remonter les doléances, anticipe-t-il. Aux élections municipale­s, on peut obtenir 10 000 fois plus de choses car on est plus près des gens. Ils nous ont déjà croisés sur les ronds-points ou dans les manifs.»

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