Evaluations en CP et CE1 : Blanquer très pressé de rendre les copies
Accélération du calendrier : le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a dévoilé plus tôt que prévu, dans une interview donnée au quotidien 20 Minutes lundi, les résultats des évaluations nationales conduites en début de CP et de CE1. Ceux-ci ne sont pas bons, mais cela n’a rien de surprenant.
De quoi parle-t-on ?
A la rentrée, Jean-Michel Blanquer avait annoncé mettre en place des évaluations nationales, c’est-à-dire une série de tests identiques que devaient passer tous les élèves d’une même classe d’âge : les CP, CE1, les sixièmes et les secondes. Ce n’est pas la première fois que les élèves sont soumis à des tests de ce genre, il s’agit d’une vieille idée qui ressurgit régulièrement dans le débat politique, avec de part et d’autre toujours les mêmes arguments et les mêmes craintes. Le ministre estime que ces évaluations nationales sont un outil pour identifier les lacunes des élèves et aider les professeurs à avancer. Les syndicats enseignants alertent, eux, contre les dangers de l’évaluationnite et de la publication des résultats : à quoi vont servir ces tests ? Ne vont-ils pas contribuer aux classements des écoles et alimenter les rumeurs afférentes, augmentant ainsi les stratégies d’évitement scolaire ?
Quels sont les résultats ?
Blanquer a donc dévoilé lundi une partie des résultats dans le quotidien 20 Minutes. «23 % des élèves en début de CP ont des difficultés à reconnaître les lettres et le son qu’elles produisent. […] 8 % des élèves ont des difficultés à reconnaître les nombres dictés. Concernant les élèves en début de CE1, 30 % des élèves lisent moins de 30 mots par minute, alors que l’objectif national est de 50 mots. Un élève sur deux (49 %) a des difficultés en calcul mental et 47 % ont des soucis pour résoudre des problèmes.» Jetés comme ça, ces résultats, qui ne concernent que 75% des élèves –les données consolidées ne seront connues qu’en janvier, d’après le dircab de Blanquer –, sont plombants. Ils ne font que confirmer ce que l’on savait, les difficultés ayant déjà été mises en évidence par les enquêtes de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, et les enquêtes internationales comme Pirls (lecture), Timss (maths et sciences) et Pisa.
Et maintenant ?
Toute la question est de savoir à quoi vont servir ces résultats. Blanquer répète depuis des mois que le seul objectif est d’aider les enseignants. Dans 20 Minutes, le ministre annonce : «Ils disposeront d’un kit pédagogique sur Eduscol.fr pour faire avancer les élèves sur les différents sujets.» Depuis le départ, les syndicats enseignants craignent que ces évaluations nationales soient récupérées politiquement. L’annonce surprise, lundi matin, des résultats, alors qu’est présenté au Conseil supérieur de l’Education le projet de loi pour «une école de la confiance», tend à leur donner raison.
MARIE PIQUEMAL