IN THIS CITY THEY CALL YOU LOVE de Richard Hawley
Le crooner de Sheffield signe un dixième album envoûtant où il a choisi de tout miser sur sa voix.
Dans une scène célèbre de The Big Lebowski (1998) des frères Coen, un homme au look de cowboy, surnommé L’Étranger, brise le quatrième mur. Installé au comptoir d’un bowling, il s’adresse directement au public : “Le Dude tient bon.” Une phrase qui semble taillée sur mesure pour Richard Hawley. Comme son amour de la musique country ou sa collection de guitares, il est des choses immuables qui réconfortent.
Depuis le début de sa carrière solo en 2001, l’exguitariste de Pulp, qui s’est réinventé en crooner magnifique, porte la réputation d’un homme qui a décroché les horloges, vivant au rythme du ronron du climatiseur d’un diner américain tout droit sorti des années 1950 qui ne passerait qu’Elvis Presley, Duane Eddy ou Roy Orbison. C’est évidemment faux, mais on ne va pas non plus considérer Richard Hawley comme un chantre de la modernité.
Mise à part l’évocation moqueuse du tourisme spatial sur Deep Space, le fringant quinquagénaire chante l’essentiel, ce qui lui plaît avant tout parmi ses souvenirs, avec une humilité désarmante. On y parle de quoi, alors ? Sheffield évidemment, son fief postindustriel et éternelle source d’inspiration. Son père y a été métallurgiste et le fils continue de témoigner du déclin de la culture ouvrière. Mais aussi d’amant·es et de solitude, des ami·es absent·es ou de son amour du gospel…
Les arrangements sont magnifiques, et quelle voix – profonde, plus que jamais travaillée. Aux côtés de Bryan Ferry et Morrissey, Richard Hawley fait définitivement partie de la Sainte Trinité du crooning éternel à l’anglaise.
In This City They CallYou Love (BMG). Sortie le 31 mai.