Les Inrockuptibles

LATER THAT DAY, THE DAY BEFORE, OR THE DAY BEFORE THAT de Casey MQ

- ♦ Maxime Delcourt

Le Canadien crée de fertiles dialogues entre les souvenirs et l’éther dans des pop songs réduites à l’essentiel.

Ne pas se fier au titre de son nouvel album : Casey MQ n’est aucunement confus. À en croire ses dix nouveaux morceaux, le Canadien est même plutôt lucide quant à la musique, l’univers et les émotions mélancoliq­ues, romantique­s, qu’il façonne : Grey Gardens, BabyVoice ou Asleep at theWheel, grand moment d’élégance lynchienne, tous défendent une certaine idée de la comptine pop, onirique et pourtant ancrée dans le réel, poétique et pourtant dénuée de tout maniérisme. On ignore à quoi ressemble la vie de Casey MQ depuis Babycasey: Ultra (2021), mais on sait de quoi sont faites ses soirées, rythmées par l’écoute répétée de Frank Ocean, de James Blake, du Blue (1971) de Joni Mitchell et du Galore (2020) d’Oklou – la Française marque de sa présence The Make Believe, parfaite bande-son des errances bucoliques.

Lors de ces nuits, nul doute que Casey MQ est également sujet à des visions, troublante­s et finalement semblables à celle de Jake Gyllenhaal dans Donnie Darko. Later That Day, the Day Before, or the Day Before That est donc de ces albums qui ne pouvaient naître ailleurs que dans le cerveau de ce doux rêveur, qui prend ici le contre-pied de l’hyperpop pour enchanter des pop songs de trois fois rien. Et pourtant, de ce R&B anesthésié, de ce minimalism­e synthétiqu­e naît une musique claire et vibrante, gracieuse et apaisée, un genre de doudou auditif que l’on garde volontiers près de soi, sous la couette, pour de beaux moments de langueur.

Later That Day, the Day Before, or the Day Before That (Ghostly Internatio­nal/Modulor). Sortie le 7 juin.

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