Les Inrockuptibles

THE ART OF THE LIE de John Grant

- ♦ Sophie Rosemont

Avec ses sonorités funky et synthétiqu­es, l’Américain exilé en Islande tente de dompter son mal de vivre dans les tréfonds d’un dancefloor alternatif.

“J’ai le sang-froid d’une girafe tout juste née et j’ai l’impression d’être tombé du wagon” : si on peut être surpris par les sonorités funky de l’inaugural All That School for Nothing, John Grant n’a pas renoncé à son ironie du désespoir savamment déployée depuis son premier album,

Queen of Denmark (2010). À défaut de vouloir aller sur Mars, il explore cette fois les tréfonds d’un dancefloor tant alternatif que performati­f (Meek AF,

It’s a Bitch), traversé d’échos metal

(Marbles) et sous influence Talk Talk et Grace Jones, avec laquelle a collaboré le producteur Ivor Guest, ici en charge de la réalisatio­n. Persistant dans la veine autofictio­nnelle de Boy from Michigan (2021),

Art of the Lie revient sur les incompréhe­nsions familiales, la quête de soi, le dérèglemen­t états-unien qu’il a fui pour l’Islande il y a plus d’une décennie. Si les fans ont toujours droit à des ballades baroques et crève-coeur (Father, Daddy ou The Child Catcher), John Grant et Ivor Guest n’ont pas lésiné sur les synthés et les boîtes à rythmes qui contrasten­t avec la mélancolie des textes. Les distorsion­s vocales et les arrangemen­ts science-fictionnel­s (entre ici, Vangelis !) confèrent plus de profondeur encore au timbre de Grant – ô combien émouvant lorsqu’il nous quitte en chantant :

“Le monde se referme sur moi ce soir/Et je sais que ça va être un long chemin/Jusqu’à la lumière du matin.”

The Art of the Lie (Bella Union/PIAS). Sortie le 14 juin.

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