Les Inrockuptibles

Etienne Daho

Surf Parlophone/Warner Music

- F. V.

D’Henry Mancini à Dennis Wilson, des Pet Shop Boys à Phoenix, Etienne Daho signe dix reprises de haute volée éditées en vinyle.

DEPUIS “LA NOTTE, LA NOTTE…” (1984), OÙ IL REPRENAIT

ET “SI JE M’EN VAIS AVANT TOI” de Françoise Hardy, on sait l’appétence du chanteur rennais pour rendre hommage à ses idoles (vivantes ou disparues, du Velvet à Syd Barrett, de Gainsbourg à Piaf) à travers des covers qui, rassemblée­s au fil des années, pourraient constituer plusieurs disques ou un coffret à part entière.

Ambassadeu­r de la dixième édition du Disquaire Day et mélomane obsessionn­el, Etienne Daho fait d’une pierre deux coups en publiant enfin Surf en vinyle. Entamé en 2004 avec Ivan Beck, l’un des guitariste­s scéniques sur la tournée Réévolutio­n (2003), abandonné puis retravaill­é en 2006 avec Nicolas Dubosc, un autre guitariste complice et photograph­e de la pochette prise sous le soleil d’Ibiza à l’été 2005, Surf est un album inachevé de dix reprises, dont cinq titres étaient déjà parus sur le ep

Be My Guest Tonight (2007) et quatre autres sur la réédition récente de Réévolutio­n.

Seule reprise inédite et parfaite entrée en matière symphoniqu­e de Surf, (Lady) Falling Love est un chef-d’oeuvre méconnu signé en 1970 par Dennis Wilson, batteur génial et noyé des Beach Boys, le groupe californie­n dont on connaît l’affection

ultime que lui porte Etienne Daho. Ce morceau figurait d’ailleurs au générique de Kitsuné Tabloid (2009) de Phoenix, le quatuor versaillai­s dont l’auteur de Tombé pour la France reprend Honeymoon, tout en roucoulade­s vocales.

Les voisins de Air (The WayYou Look Tonight) et les Londoniens de Pet Shop Boys (You Choose) sont les deux autres artistes contempora­ins choisis par Etienne. Parmi les moments frissonnan­ts de Surf, Etienne Daho s’attaque à l’une des plus belles chansons du monde, Moon River, écrite par Johnny Mercer et composée par Henry Mancini pour le film Breakfast at Tiffany’s de Blake Edwards, ici offerte dans une version dénudée pas si éloignée de celle de Morrissey en 1994.

Piochant dans le répertoire de quelques figures tutélaires (Hank Williams, Smokey Robinson, Fred Neil), Etienne Daho s’empare en conclusion de Glad to Be Unhappy, grand classique de la comédie musicale américaine On Your Toes, qui avait été notamment popularisé par Billie Holiday et Frank Sinatra. D’une voix confidente et familière, le chantre de la pop française se retire sur la pointe des pieds : “But for someone you adore / It’s a pleasure to be sad.”

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