Les Inrockuptibles

“C’est justement parce qu’on est jeunes qu’on a voulu écrire ce livre maintenant, sur ce qu’on pense maintenant !”

- HADRIEN BOUVIER, MEMBRE DE CATASTROPH­E

et Robertdont il Musilveut faire: “Il serait quelque original chose d’essayeren citant

de se comporter (…) comme un homme né pour le changement dans un monde créé pour changer.” Conscient de sa mortalité, Catastroph­e adresse malgré tout un doigt d’honneur aux poseurs nihilistes, aux désabusés, en criant sa jeunesse mélancoliq­ue et jouissive, son envie d’en découdre avec les idées, les mots, les actes dans la pluridisci­plinarité. “Je ne suis pas sûre qu’on soit optimistes,

précise Rinkel, nous sommes positifs. Nous sommes frappés par le cynisme ambiant. Nous essayons de créer un antipoison pour nous libérer de cette noirceur qui paralyse.” Catastroph­e assume l’explosion d’émotions qui fait palpiter son coeur mais n’en demeure pas moins conscient du potentiel ridicule de ce premier degré un peu naïf. “C’est la conscience de l’endroit où l’on se trouve comme de la petitesse de sa propre perspectiv­e. On est à un endroit, mais on se doute qu’ils se foutent de notre gueule dans la pièce d’à côté. Mais nous, on est à cet endroit et on va y jouer”, explique Rinkel. Sans surprise, livre et disque naviguent allègremen­t dans cette “incertitud­e tonale” baptisée “premier degré et demi” : à la fois émouvants, pertinents, théâtraux, too much aussi parfois. Catastroph­e cite Charlie Kaufman, Jack London, Jean Cocteau, Blaise Pascal, Schrödinge­r, Steve Reich, David Bowie, les Sparks, BadBadNotG­ood, Aquaserge, parlent d’“haleine de la nuit”, de “phoenixolo­gie” et de mouvement brownien (on vous laisse checker sur Wikipédia). Ajoutons aussi Flavien Berger et Evariste

pour la création d’un lien entre pensée, poésie, musique et humour. “C’est très proche de ce que j’ai connu avec Chassol au début, estime Bertrand Burgalat, le directeur de Tricatel. C’est-à-dire que ça ne ressemble à rien et qu’il faut que ça existe. Ce qui est important, c’est qu’ils gardent leur émerveille­ment, leur premier degré que je trouve chouette. Ils osent se mettre à nu. Je les trouve rafraîchis­sants, dans une période de pudeur où il est trop facile de se réfugier dans une forme de cynisme.”

D’eux, on saura peu. Tous trois martèlent qu’ils ne souhaitent pas mettre en avant leurs ego au détriment des idées, que l’objectif n’est pas de faire de la politique mais de “défendre le droit au doute”, qu’il s’agit d’un collectif à échelle variable où des gens de milieux, de parcours, de géographie­s différents se sont reconnus et aimés. Il n’y a donc pas de carte d’adhérent. Il suffit de les contacter en leur proposant d’échanger autour d’un café. Ou de se rendre au Paradis, un rade situé à Barbès, devenu le QG de ces amoureux de la nuit.

Catastroph­e est peut-être avant tout un réseau de mise en relation de jeunes férus de Borgès, Dostoïevsk­i, Daho et bien d’autres, mortels et désireux de vivre vite et fort en créant avec pour injonction “le ridicule ne tue pas” et pour tatouage un cygne noir, dont la découverte en 1698 prouve bien que “rien n’est fait – que tout pourrait être autrement”. Livre La nuit est encore jeune (Pauvert), 200 pages, 18 €, en librairie le 6 septembre Album La nuit est encore jeune (Tricatel), sortie le 13 octobre

Concerts Le 15 septembre à Strasbourg, le 22 à Clichy

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