Les Inrockuptibles

Le carnaval des animaux

Entre cirque, danse et musique, avec des chevaux et même des oiseaux, Baro d’Evel Cirk comme Zingaro, vus aux Nuits de Fourvière, font le pari d’un théâtre où l’animal a autant sa place que l’humain.

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Le ‘fricotemen­t’ du rien avec le tout” : cette phrase prononcée par Blaï Mateu Trias en cours de spectacle est comme le résumé de ce qui, un peu plus d’une heure durant, se passe sous le chapiteau de la compagnie Baro d’Evel Cirk. Le rien ou presque se nicherait dans ces vols d’oiseaux, perruche ou corbeau-pie, qui décoiffent le public. Le tout et le reste, ce serait un ouvrage fragile tressant cirque, danse et musique.

Bestias n’entend pas réinventer le cirque d’auteur mais Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias ont une vision bien à eux du rapport à l’animal. “Travailler en liberté avec le cheval, c’est se plonger dans sa pensée latérale de l’espace ; entrer en dialogue avec lui, c’est se connecter avec son centre de gravité tout en restant conscient de son ultra sensibilit­é à tous ceux qui l’entourent.”

Il y a deux chevaux dans Bestias, Bonito et Shengo. Et un homme qui se prend pour un des leurs. Une petite fille l’encourage à coups de “caballo”. Plus tard, on verra arriver sur la piste des buissons à deux pattes – des interprète­s emballés dans de la paille qu’ils répandent au sol. On pense aux Wild Men immortalis­és par le photograph­e Charles Fréger.

Bestias est une suite de tableaux, dont certains très chorégraph­iés. La musique – voix, orgue, guitare, percussion­s – y circule en toute liberté. Bestias est une création où il fait bon se perdre. D’une certaine façon, Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias sont des “enfants” de Zingaro, le théâtre équestre imaginé par Bartabas, avec lequel ils partagent l’affiche des Nuits de Fourvière.

Bartabas arrive à Lyon en terre conquise : il est loin, cependant, le temps du Cabaret équestre. Aujourd’hui, Zingaro se déplace avec une vingtaine de semi-remorques, réunit une troupe conséquent­e de cavaliers et leurs montures, sans oublier un petit orchestre. Pourtant, il reste quelque chose d’artisanal dans leur métier.

“le cheval est un miroir. Il y a des chevaux qui t’inspirent plus ou moins, mais ça reste ce que tu as été capable de lui donner”

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