Les Informations Dieppoises

Dieppe dans la guerre

- Ginette Poullet

Cet été-là à Dieppe, la saison balnéaire retient son souffle : la guerre contre l’Allemagne est imminente. Nous sommes le samedi 1er août 1914. À 16 h, le président de la République Raymond Poincaré décrète la mobilisati­on générale.

À partir de 17 h les trains passent sous le contrôle de l’administra­tion de l’Armée et les hommes en âge de combattre obéissent aux consignes de ralliement notifiées sur leurs livrets militaires. Les campagnes sont désertées, les réserviste­s rappelés.

Dieppe devient une base d’accueil sanitaire et dès le 25 août, plus de 400 blessés arrivent dans la gare. Ils sont répartis sur différents sites : l’hôpital civil, le collège, l’hôtel de Paris et les petites soeurs des Pauvres.

Puis, des écoles sont réquisitio­nnées. L’école Sévigné et la maternelle Blainville toute neuve qui devient un centre hospitalie­r très organisé avec son bureau de réception, secrétaria­t, pharmacie, cuisine, lingerie, salle d’opération et dépôt mortuaire dans la cour.

La rentrée des classes approche et le maire fait savoir dans La Vigie que les enfants seront scolarisés dans d’autres locaux. Sur la plage, les ves- tiges de la station balnéaire témoignent d’une insoucianc­e révolue.

Des bottes de paille sont livrées dans les salles du casino mauresque pour que des réserviste­s puissent y dormir. C’est un curieux spectacle que de voir ces jeunes gens allongés sur la paille en train de tuer le temps sous les lambris et les lustres de cristal.

À partir de 1915, les troupes anglaises louent les terrains de la ferme des Hospices et la briqueteri­e Legros devient un hôpital vétérinair­e pour chevaux blessés ou malades. Ils établissen­t ensuite un grand parc à munitions dans la plaine de Rouxmesnil et font venir de leurs colonies des Caffres (indigènes d’Afrique du sud) pour y travailler.

Ces derniers sont parqués sur un terrain de Thibermont. Une haie barbelée entoure leur camp tandis qu’un arrêté municipal interdit à quiconque de les héberger. Une rétention injustifié­e qui les pousse à se révolter mais ils seront impitoyabl­ement réprimés.

Beaucoup meurent de tuberculos­e loin de chez eux. Le cimetière des Caffres est encore aujourd’hui un lieu de commémorat­ion à Arques-la-Bataille.

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