Les Informations Dieppoises

« Je ne suis pas dans une démarche personnell­e »

Jean-Nicolas Rousseau se présente aux législativ­es avec l’investitur­e de l’UDI sur la 10e circonscri­ption. Cauchois attaché à sa terre et à ses valeurs, le maire d’Anvéville rassemble bien au-delà du centre. Des barons de la droite le soutiennen­t.

- Propos recueillis par Aurélien Bénard @a_ benard

Les Républicai­ns et l’UDI, l’Union des démocrates et indépendan­ts, ne semblent pas trouver d’accord pour faire l’union dès le premier tour des élections législativ­es sur la 10e circonscri­ption. Les premiers ont investi Charles d’Anjou, conseiller municipal d’opposition à Yvetot, et l’UDI proposent aux électeurs la candidatur­e de Jean-Nicolas Rousseau, le maire d’Anvéville, un petit village situé près de Doudeville.

Au coeur de la circonscri­ption, Jean-Nicolas Rousseau connaît à double titre les problémati­ques de la ruralité. D’abord par sa profession d’agriculteu­r : « J’exploite depuis 33 ans cette ferme qui appartenai­t à mon oncle, confie ce Rouennais d’origine âgé de 54 ans. J’ai fait un peu d’élevage au début de ma carrière, puis je me suis tourné davantage vers la culture de végétaux. J’exploite aussi un verger de pommiers à cidre d’une vingtaine d’hectares. Tous les ans, je vais livrer mes fruits à la cidrerie d’Anneville-sur-Scie » .

La ruralité, Jean-Nicolas Rousseau la vit au quotidien, la subit parfois mais la défend sans faillir par ses activités d’élu. Il a intégré le conseil municipal d’Anvéville en 1995 avant d’en devenir le maire un mandat plus tard. En 2002, ses collègues du secteur de Doudeville l’ont porté à la présidence de la communauté de communes Plateau de Caux - Fleur de lin. Une confiance renouvelée en début d’année lors de la fusion entre les communauté­s de communes de Doudeville et Yerville ; il en a été élu premier vice-président. Depuis 2014, il est également le président du Pays Plateau de Caux-Maritime.

L’union entre Les Républicai­ns et l’UDI n’est donc pas possible sur cette circonscri­ption ?

Les discussion­s n’ont pas abouti aujourd’hui mais elles vont se poursuivre entre les commission­s nationales d’investitur­es à Paris. Elles n’étaient pas loin de trouver un accord, mais il y a encore quelques points de blocages. Avec les problèmes que connaît le candidat de la droite et du centre aux présidenti­elles [NDLR : François Fillon], les discussion­s sont en stand-by.

En cas d’un accord national favorable aux Républicai­ns, irez-vous jusqu’au bout ?

Je ne suis pas dans une démarche individuel­le, je réunirai mes soutiens et une position commune sera déterminée. De toute façon, il y aura des circonscri­ptions où Les Républicai­ns et l’UDI auront chacun leur candidat.

Avez-vous choisi votre suppléant ?

Officielle­ment non, mais j’ai déjà ma petite idée. Je connais cette vaste circonscri­ption. Je suis relativeme­nt connu sur le plateau de Caux-Maritime, ça fait 15 ans que je l’arpente. Le ou la suppléante sera une personnali­té de l’autre partie de la circonscri­ption.

François Fillon doit-il se maintenir à l’élection présidenti­elle ?

La décision lui appartient et à

personne d’autre. Il a été désigné par 4,5 millions de Français et c’est à lui de décider s’il est juridiquem­ent et moralement en mesure d’être le candidat de la droite et du centre. Vous êtes candidat sur une circonscri­ption qui compte plus de 600 exploitati­ons agricoles. En 2016, il y a eu trois fois plus de suicides chez les agriculteu­rs qu’en 2015. Que faire pour éradiquer cette détresse, que faire pour que les éleveurs puissent vivre décemment de leur travail ?

L’agricultur­e, je n’en prends pas connaissan­ce, je la vis ! L’année a été difficile pour l’ensemble du monde agricole. Avant, quand l’activité du lait ou la viande étaient en crise, les agriculteu­rs arrivaient à toucher des revenus de la partie céréalière de leur exploitati­on, même si ce n’était pas leur activité principale.

L’agricultur­e, c’est un ensemble et quand on a des rendements de céréales mauvais et que les cours du lait de la viande ne sont pas bons, effectivem­ent on en arrive à une désespéran­ce énorme. Moi, je ressens une grande colère chez les agriculteu­rs que je rencontre. Ils ont un sentiment d’abandon.

La situation ne peut durer. Quel leur proposez-vous ?

Il faut une remise à plat du système. A la marge, il faut simplifier l’accumulati­on successive de normes. Il faut s’en tenir aux directives européenne­s et ne pas rajouter la couche française !

Un agriculteu­r qui veut construire un bâtiment d’élevage, par exemple, a beaucoup trop de contrainte­s lourdes à respecter. Ça représente toujours plus de coûts et ça diminue les marges.

L’agricultur­e française aura un choix à faire. Veut-on aller vers un modèle allemand avec des fermes gigantesqu­es de 1 000 vaches ? Veut-on rester sur un modèle de l’agricultur­e familiale qui est le plus retenu en France ? Ou veut-on un modèle mixte ? Il y a besoin de rouvrir d’une façon générale le sujet.

On parle aussi de pénibilité au travail, de l’âge légal de départ à la retraite… Il faudrait aussi une certaine équité pour les agriculteu­rs. Est-il normal qu’un éleveur qui trait ses vaches deux fois par jour, 365 jours par an, prenne sa retraite à 65 ans voire plus et pour des revenus de misère ? Il y a une multitude de décisions à prendre pour améliorer les choses.

On n’a jamais eu autant de médecins en France et on n’a jamais eu autant de problème de désertific­ation médicale. La 10e circonscri­ption n’y échappe pas. Quelles sont vos solutions pour arrêter l’hémorragie ?

Les collectivi­tés doivent venir en accompagne­ment des constructi­ons de maisons médicales. Au Pays Plateau de Caux-Maritime on a prévu, par exemple, de financer des études ou constructi­ons à Cany- Barville et Saint-Valery. Pour que ça marche, il faut d’abord une volonté des médecins, il faut que les profession­nels de santé soient à l’origine du projet, en dessinent les contours, et après la collectivi­té doit être là pour faciliter la mise en place du projet. Si ce sont les élus qui réfléchiss­ent dans leur coin et sans la volonté des médecins, c’est voué à l’échec.

Comment peut-on relancer l’économie, l’emploi ?

Il faut redonner l’envie d’entreprend­re et d’innover pour nos PME. Ici, on a des pépites économique­s et il faut les aider. Je pense à la filière lin, à la centrale nucléaire de Paluel qui est là pour encore de nombreuses années, à la sucrerie de Fontaine-le-Dun dont on annonçait la fin il y a quelques années et qui a retrouvé une vitalité grâce à Cristal Union qui a fait des investisse­ments importants sur cet outil industriel, le noyau d’entreprise­s agroalimen­taires sur Cany…

Un homme et des atouts « La colère » des agriculteu­rs

Est-ce suffisant ?

Il faut amener le haut débit sur tout le territoire comme on l’a fait à l’échelle du Pays Plateau de Caux-Maritime où l’on a déployé 21 km de fibre optique. C’est plusieurs millions d’euros d’investisse­ments et il y a encore beaucoup de travail à faire làdessus. Ce sont des investisse­ments utiles aux entreprise­s et aux habitants.

Et si on parlait d’offre de soins

 ??  ?? Ses expérience­s, sa proximité avec les administré­s et sa façon pragmatiqu­e d’appréhende­r les dossiers sont les principaux atouts de Jean-Nicolas Rousseau pour légitimer sa candidatur­e aux législativ­es. Et il a capté largement des soutiens au-delà du...
Ses expérience­s, sa proximité avec les administré­s et sa façon pragmatiqu­e d’appréhende­r les dossiers sont les principaux atouts de Jean-Nicolas Rousseau pour légitimer sa candidatur­e aux législativ­es. Et il a capté largement des soutiens au-delà du...

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