Un nouveau chalutier mis à l’eau
Les chantiers Mim (Manche industrie marine), à Dieppe, ont mis à l’eau le premier chalutier de la Scopale, jeudi 9 février. Puis direction la Hollande pour l’armement.
Moment d’émotion au port de Dieppe, jeudi 9 février. Depuis 20 ans, aucun chalutier neuf n’était sorti des chantiers Manche industriel marine. Avec la commande de la société Scopale l’année dernière, c’est le moment de relancer la machine et « de se concentrer sur notre coeur de métier » , souligne le directeur, Philippe Bréchon. Deux autres navires sortiront de l’atelier, à deux mois d’intervalle chacun. Ces bateaux longs de 19,2 m par 7,5 m de large sont le fruit d’une collaboration entre plusieurs partenaires réunis au sein de la Scopale. Ceux-ci sont la Scapêche (société affiliée au groupe Intermarché-Les Mousquetaires), l’armement Le Garrec et Les pêcheurs d’Opale.
Les trois patrons boulonnais, copropriétaires des navires à 30 %, sont impatients de voir le résultat. Ces chalutiers nouvelle génération ont été conçus pour être moins énergivores, s’adapter à tout type de pêche et faciliter la vie des hommes à bord. José Leprêtre, marin-pêcheur à Etaples-sur-Mer, est le premier à voir le bébé de 100 t mis à l’eau.
Il a fallu attendre la marée, vers 10 h 30, pour tracter le Rose de Cascia jusqu’au bassin de Paris. Le Bréhat, remorqueur du port de Dieppe, s’est chargé des opérations. Puis un chalutier immatriculé à Boulogne a pris le relais, hier soir. Direction la Hollande pour l’armement du bateau chez Padmos, fidèle partenaire des chantiers Mim.
Modèle économique « C’est une belle barque, lance José Leprêtre. Je vais être le premier à le tester, les deux autres patrons vont pouvoir venir à bord pour voir com
ment on le manoeuvre » . Âgé d’une quarantaine d’années, il s’apprête à acquérir son premier navire. « J’ai commencé à l’âge de 16 ans… » , préciset-il. À bord du Rose de Cascia, six hommes dont le patron partiront en mer à la fin du mois de juin. Pierre Leprêtre et Stéphane Fournier sont les deux autres marins- pêcheurs boulonnais à bénéficier du partenariat avec la Scopale. Ils ont eu même choisi le nom de leur bateau : Marmouset III et La Trinité.
Ce type de financement permet de renouveler la flottille et de permettre à des professionnels d’acquérir des navires neufs. Sachant qu’une partie de la débarque est dédiée au magasin Intermarché et Netto, via l’usine Capitaine Houat de Boulogne-sur-Mer.
Ces bateaux sont destinés à de la pêche polyvalente : merlan, cabillaud, sole, hareng, sardine, coquille saint-jacques, sardine… Des espèces non com- munautaires qui ne sont pas soumises aux réglementations européennes. « Le but est de les faire travailler toute l’année pour que ce soit rentable, explique Sylvain Pruvost, président de la Scapêche. Les bateaux sont novateurs mais les pratiques de pêche aussi comme la senne danoise, le chalut pélagique ou le chalut de fond. « La pêche doit s’adapter aux saisons » , ajoute-t-il.
Avec une moyenne d’âge de 27 ans, la flottille française doit être renouvelée. « Nous étudions des dossiers en Normandie mais il est aussi primordial de s’intéresser aux quotas des navires » , reprend Sylvain Pruvost.
Il annonce qu’un quatrième voire un cinquième chalutier pourrait être construit au chantier Manche industrie marine. « Nous avons créé un nouveau modèle économique et nous allons tout faire pour continuer à le mettre en oeuvre, poursuit-il. Mais il faut trouver des patrons intéressés » . Au chantier Mim, on se réjouit déjà de la nouvelle. « Ces chalutiers sont tout à fait conformes à ce que l’on attendait » , sourit le président de la Scapêche.