Ste-Suzanneet-Chammes au beau fixe
En Mayenne, SainteSuzanne et Chammes étaient les premières à sauter le pas. Un an après leur fusion, Jean-Pierre Morteveille et Marc d’Argentré dressent le portrait d’une commune nouvelle en ordre de marche.
Un après la naissance de Sainte-Suzanne-etChammes, vous affichez un large sourire. Les voeux ont-ils eu une saveur particulière ?
Marc d’Argentré : Ils ont sonné notre premier anniversaire, en définitive. Cette année, nous avions donné rendez-vous à la population à Chammes après Sainte-Suzanne en 2016.
Jean-Pierre Morteveille : Le bilan est positif. D’ailleurs nous avons été sollicités sur plusieurs projets de commune nouvelle pour témoigner de notre expérience. Nous en sommes convaincus, cette fusion sera d’autant plus décisive sur le long terme.
Avec 11 élus à Chammes et 15 à Sainte-Suzanne, la commune nouvelle fonctionne avec 25 (*) conseillers autour de la table. Quel est votre ressenti ?
Marc d’Argentré : 25, c’est un nombre qui reste raisonnable, à taille humaine. On peut s’écouter parler même si effectivement le rythme a été plus soutenu cette année. Une bonne moitié d’entre eux se connaissaient déjà et les commissions ont permis de tisser des liens pour les autres.
Jean-Pierre Morteveille : L’important était que chacun puisse prendre ses marques. Finalement, ce sont les jeunes élus qui ont sûrement été les plus déstabilisés par cette fusion. Si nous sommes 25 aujourd’hui, le nombre de conseillers tombera à 19 en 2020 pour n’en compter plus que 15 six ans plus tard, en 2026.
Concrètement, quels changements ont découlé de cette première année de fusion ?
Marc d’Argentré : Les services municipaux ont été mutualisés. Aujourd’hui, la mairie est ouverte 6 jours sur 7, à SainteSuzanne ou Chammes. Preuve que ce service de proximité est apprécié, un couple qui réside sur la commune historique de Chammes est naturellement venu déclarer son enfant à Sainte-Suzanne ! Autre nouveauté qui prête à sourire chez les Camélésiens, eux qui ne réceptionnaient qu’un bulletin municipal par an reçoivent dorénavant 12 numéros !
Jean-Pierre Morteveille : Cela a aussi permis d’harmoniser les contrats d’assurance par exemple. Au total, nous avons voté 150 délibérations, beaucoup relevant de régularisation. Un travail colossal pour nos secrétaires de mairie mais nous apercevons le bout du tunnel.
Le contexte a aussi changé pour nos écoles publiques qui ont opéré un regroupement pédagogique intercommunal (RPI) avec deux classes à SainteSuzanne et une à Chammes.
Côté restauration scolaire, il n’y a plus qu’une seule cantinière qui prépare les quelque 80 repas pour les deux sites en favorisant les circuits courts. La commune nouvelle ne fait pas exception, le devenir de notre école reste fragile, suspendu au nombre d’élèves inscrits. Mais ce regroupement reste une avancée positive pour nos deux communes. D’autant que les familles se sont rapprochées pour ne former qu’une seule association de parents d’élèves.
Justement, comment la commune nouvelle est-elle perçue par les habitants ?
Jean-Pierre Morteveille : C’est vrai que nous avions réfléchi à une dénomination commune à l’ensemble des administrés. Nous avons rapidement abandonné cette idée, la crainte première des habitants étant la perte d’identité. Notre fusion relevait du bon sens, la majorité de la population partage cet avis aujourd’hui.
La question de la fiscalité avait soulevé quelques interrogations. En deux ans, celle de Sainte-Suzanne s’est alignée sur Chammes. À titre d’exemple, le foncier non bâti qui se chiffrait à 39,62 % en 2015 a reculé à 26,75 % en 2017.
Marc d’Argentré : Pour ceux que ça pourrait encore inquiéter, il y aura toujours deux cimetières ! La clé en somme, c’est de ne pas forcer les choses. Nous avons pu observer que le groupement de défense contre les organismes nuisibles (GDON) de Sainte-Suzanne et celui de Chammes se sont naturellement associés. Des initiatives comme celles-ci confirment la bonne volonté des administrés.
L’un des intérêts immédiats de la commune nouvelle est d’être préservé des baisses de dotation de l’Etat ?
Marc d’Argentré : Oui mais cela n’aurait certainement pas fonctionné si c’était le seul ! Il faut que les élus réussissent à s’entendre sur le plan humain, qu’ils partagent une vision commune du territoire. C’est une démarche qu’il faut envisager sur le long terme.
Jean-Pierre Morteveille : Aujourd’hui, nous pouvons nous targuer d’être la troisième commune des Coëvrons. Nous avons indéniablement plus de poids ensemble pour convaincre les instances décisionnelles de nous suivre.
Quels projets ont pu être favorisés par la commune nouvelle ?
Marc d’Argentré : L’aménagement de notre bourg en est l’exemple. Avec nos 340 habitants, le chantier ne constituait pas une priorité. Grâce à la fusion, les travaux viennent de débuter et devraient s’échelonner sur l’année 2017. Une fois terminés, j’espère que des plantations aux pieds des murs habilleront le bourg de Chammes, comme cela peut se faire à Sainte-Suzanne.
D’autres dossiers sur le gril ?
Jean-Pierre Morteveille : L’Ehpad nous a pris beaucoup de temps et d’énergie cette année mais nous planchons sur sa réhabilitation en un centre d’accueil pour sportif.
Nous aspirons toujours à proposer des solutions à nos seniors, surtout depuis que la commune s’est vue perdre la résidence du Petit Rocher. Le terrain, viabilisé, sur lequel nous avions un temps envisagé de construire le nouvel Ehpad devrait accueillir une douzaine de maisons individuelles pensées pour les personnes âgées autonomes.
À plus court terme, le stationnement des camping-caristes va être facilité par une aire de 21 places et le camping devrait s’orienter vers le « glamping », une nouvelle tendance de camping en plein air qui répond a plus de confort.
Marc d’Argentré : En 2017, Chammes va enfin pouvoir capter Internet. Ça devrait bientôt n’être qu’un mauvais souvenir ! Propos recueillis par Amélie Loho.