Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

« A un moment donné, il faut arrêter d’être têtu »

Entreprise aux racines datant d’avant 1900, Pelletier & Jaminet a totalement fermé ses portes le 15 mars dernier.

- • Thierry Roussin

Dans les archives de l’entreprise, on retrouve des documents très anciens attestant d’un savoir-faire antérieur à 1900. Sous le nom de Pelletier & Jaminet, elle apparaît en 1943, à Paris, et en 1985 Didier Morel la reprend et l’installe alors dans la zone industriel­le de L’Aigle.

L’entreprene­ur fait construire un site de 1 000 m2 à l’inverse de ce que l’on voit généraleme­nt dans une zone d’activité. Les bâtiments ressemblen­t davantage à une grande maison normande qu’à une usine. Pourtant, c’est bien là que l’expérience de l’entreprise va faire toute la différence durant de nombreuses années.

Concurrenc­e étrangère casse les prix

Découpe d’étiquettes sèches, affûtages, outils de découpe, emporte-pièces... Pelletier & Jaminet file le parfait amour avec le succès, jusqu’à ce que la crise Covid-19 ne vienne ébrécher cette belle histoire. « En 2022, la reprise a été très compliquée pour nous, tout le monde était au ralenti », témoigne Didier Morel. « Certains de nos clients avaient réduit leur activité de 65% et évidemment cela a eu un impact sur la nôtre ».

Rapidement, les effets se font sentir sur le chiffre d’affaires de l’entreprise, ses résultats et sa trésorerie. « Nous sommes partis sur un plan d’apurement sur 10 ans en espérant que ça reparte. Mais des clients ont commencé à travailler avec l’Asie et un concurrent italien est arrivé sur le marché à moins 40%. Cela devenait intenable. Quand il pleut tout le temps et que l’on ne voit jamais venir le soleil, il faut arrêter d’être têtu ».

Dix salariés sans travail depuis le 15

A la demande du chef d’entreprise, alors que la visite d’un éventuel repreneur n’avait rien donné, le tribunal de commerce d’Alençon a prononcé la liquidatio­n judiciaire de Pelletier & Jaminet le 4 mars dernier. « Nous avons fermé définitive­ment le 15 mars, le temps de finir quelques commandes. Ce n’est pas de gaieté de coeur que j’ai pris cette décision et je peux vous dire que les nuits sont courtes ».

Les dix salariés, dont certains avaient plus de 20 ans de présence dans l’entreprise, ont été licenciés en se voyant proposer un Contrat de sécurisati­on profession­nelle, un dispositif de France Travail permettant notamment de bénéficier d’un accompagne­ment renforcé et personnali­sé pour les aider dans la reprise d’un emploi ou d’une activité économique.

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