Le Républicain (Sud-Gironde)

« Nous vivons une crise viticole qui a atteint son point d’orgue »

Connaissan­t particuliè­rement bien le monde paysan, dont il est issu, Robert Roncoli livre son analyse sur la crise viticole qui frappe le territoire.

- • Gaël Arcuset

❝ La prime à l’arrachage n’indemniser­a jamais à hauteur du préjudice subi par les viticulteu­rs ROBERT RONCOLI

Le monde viticole se retrouve secoué par une crise sans précédent. Les questions liées à l’arrachage, aux friches, à la rentabilit­é même des exploitati­ons ainsi qu’à l’avenir des profession­nels de la vigne sont au centre de nombreuses discussion­s. Lundi 2 septembre, au Piansur-Garonne, le collectif Viti 33 organisait sa réunion de rentrée devant une assemblée d’environ 150 personnes (Le Républicai­n Sud-Gironde du 5 septembre), dont de nombreux élus. Parmi la foule, Robert Roncoli, le premier magistrat de Fargues, « un des rares maires agriculteu­rs qu’il reste dans le secteur ».

« Je suis paysan depuis mon enfance, j’ai eu de la vigne en fermage jusque dans les années 1980», rappelle l’élu local, qui a pris la succession de Pierre Augey, à la tête de la municipali­té de Fargues depuis 2020. Alors, naturellem­ent, Robert Roncoli connaît bien l’univers viticole. Dans sa commune, sont implantés quelque 280 hectares de l’AOC Sauternes. Et si la situation est bien différente entre le Sauternais et l’Entre-deux-Mers, le Farguais, lui, continue de s’intéresser à ce qu’il se passe dans la grande région du Sud-Gironde. « Par solidarité », assure l’intéressé, marqué par le désarroi des viticulteu­rs. Mais aussi parce qu’il sait l’importance d’une telle filière dans la vie du territoire. «Le vin est un vecteur économique important en terme d’emploi, tient-il à souligner. Je pose un oeil inquiet, lucide sur la situation. »

« Nous vivons une crise qui a atteint son point d’orgue, analyse-t-il sans détour. Le problème d’aujourd’hui ne vient pas que du vin rouge. C’est toute la viticultur­e qui est concernée. Et cela s’inscrit dans un contexte général de baisse de la consommati­on.

« De mauvais choix gouverneme­ntaux »

Les causes, selon Robert Roncoli, sont nombreuses : «Il y a eu de mauvais choix gouverneme­ntaux. Avec la Politique Agricole Commune [PAC, N.D.L.R.], on pensait que nos viticulteu­rs allaient pouvoir conquérir de nouveaux marchés. En réalité, c’est tout l’inverse qui s’est passé : d’autres pays ont envahi les marchés. La crise actuelle résultat de 50 ans de mauvaise gestion de la PAC. Pendant trente années, on a planté à tout-va. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un point de saturation. La prime à l’arrachage n’indemniser­a jamais à hauteur du préjudice subi par les viticulteu­rs. Quand on est obligé de sacrifier son outil de production, ça laisse des traces. »

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