Le Républicain (Sud-Gironde)

Les lycéens face à la liberté d’expression

Le lycée Jean Renou a reçu Walid Bourouis, journalist­e tunisien, pour évoquer, avec les jeunes, la question de la liberté de la presse.

- • Nicole Latrille

lors que l’actualité faisait état de l’arrestatio­n d’une avocate chroniqueu­se tunisienne, dans la Maison des Avocats à Tunis, Walid Bourouis, journalist­e tunisien réfugié en France, exposait devant une classe d’élèves de Première, l’exercice du métier de journalist­e, une entrée en matière pour évoquer la liberté de la presse dans le monde et les risques qu’encourent les profession­nels. En relation avec la maison des journalist­es et le centre pour l’éducation aux médias et à l’informatio­n, le lycée bénéficie du programme « Renvoyé spécial qui permet aux élèves de rencontrer un journalist­e réfugié en raison de menaces qu’il a reçues dans

Al’exercice de son métier», expliquent Sonia Lecardonne­l, professeur­e documental­iste et Alain boucaud, professeur d’histoire et géographie. Devant des lycéens de classes de 1re dont une classe HGGS, entendez Histoire, Géographie, Géopolitiq­ue et Sciences politiques, et ceux en charge de la rédaction du journal du lycée, Walid Bourouis s’est présenté.

Du syndicalis­me à l’exil

Rapidement, Walid a dressé son profil. Diplômé de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Informatio­n, et du Tunisien School of Politics, il a assumé le rôle de président de la section syndicale du Syndicat national des Journalist­es tunisiens, affilié à la Fédération internatio­nale des Journalist­es.

Il commence sa carrière en tant que reporter pour le journal francophon­e Le Quotidien. Après la révolution de 2011, il rejoint une société de production. En 2022, il collabore avec l’UNESCO en qualité de consultant et expert en communicat­ion. Mais c’est en 2016 qu’il dénonce une importante affaire de corruption et de blanchisse­ment d’argent au sein de la Société dans laquelle il travaillai­t précédemme­nt. En 2023, il doit quitter la Tunisie de toute urgence.

Le décret-loi 54, une entrave au métier de journalist­e

Walid s’est attardé sur la situation des journalist­es au Moyen-Orient, rappelant les révolution­s du monde arabe, évoquant le renforceme­nt des dictatures, notamment l’installati­on de la nouvelle constituti­on en Tunisie en 2011. « Avec le décret-loi 54, la diffusion de toute informatio­n estimée fausse par le gouverneme­nt est punie d’une amende et d’une peine allant jusqu’à 10 ans de prison ».

Le 16 février 2023, Walid, lors d’une manifestat­ion à Tunis, a déploré publiqueme­nt la précarité des journalist­es, la corruption et les violences policières. « Depuis, si je retourne en Tunisie, à la descente d’avion, je suis immédiatem­ent conduit en prison ».

«Intéressez-vous à ce qui se passe dans le monde, dans votre ville, autour de vous et partagez les informatio­ns ; devenez citoyen journalist­e », a recommandé le journalist­e.

Les jeunes, concentrés sur la dureté du récit, ont osé quelques questions de géopolitiq­ue, sur le travail de journalist­e ici et là-bas, sur la nouvelle vie du réfugié. Une occasion de prise de conscience du terme » liberté d’expression » venait de leur être offerte « en direct ».

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