L’association Staline indésirable ?
Président de l’association Joseph Staline, Alexandre Moumbaris est en colère depuis qu’une banque locale lui a refusé l’ouverture d’un compte épargne du fait de l’objet de son association.
« Je suis un communiste de la vieille école, et je suis stalinien, comme on peut être gaulliste » : à 78 ans, Alexandre Moumbaris, installé à Juvigny-sous-Andaine depuis 5 ans, affirme haut et fort son engagement pour défendre la mémoire de Joseph Staline, dirigeant de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) de 1920 jusqu’à sa mort en 1953.
Cet habitant de Juvigny a un parcours plutôt atypique. Né en Egypte en 1938, de parents grecs, il a vécu en Australie, puis en France à partir de 1956. Il a travaillé ensuite en Angleterre, à l’agence Reuter de 1963 à 1968, comme employé de bureau, puis au service informatique. « C’est à cette époque qu’a débuté mon engagement syndical et politique. J’ai adhéré au parti communiste de Grande-Bretagne ». Suite à une rencontre avec un partisan, il va s’intéresser de près à la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud. « Je suis un ancien combattant d’Umkhonto we Sizwe, la branche armée de l’ANC* et du parti communiste d’Afrique du sud. Suite à plusieurs missions, j’ai été arrêté et condamné à 12 ans de prison pour terrorisme. Après 7 ans et demi de détention, je me suis évadé avec d’autres prisonniers ».
De retour en France début 1980, à Livry-Gargan en région parisienne, Alexandre Moumbaris travaillera ensuite dans l’informatique, mais il poursuit son activité politique. En 1994, il crée les Editions Démocrite (philosophe matérialiste) qui publient un journal mensuel et des articles relatifs aux mouvements communistes et ouvriers à travers le monde. Et c’est quelque temps plus tard que voit le jour l’association Staline, déclarée au journal officiel. « Après une scission courant 2015, nous avons créé en août l’association Joseph Staline dont je suis le président. Basée à Juvigny, elle a été déclarée en sous-préfecture de Mortagne-au-Perche et au Journal Officiel ». Son objet est le suivant : promouvoir et défendre la mémoire, l’honneur, l’oeuvre pratique et théorique de Staline, l’édification du socialisme en URSS et les réalisations du peuple soviétique et de son Parti communiste dans leur contribution essentielle au mouvement communiste international et au progrès de l’humanité dans la continuité de Lénine. En avril dernier, le président a souhaité ouvrir un compte épargne (sans chéquier ni carte) pour son association. « J’avais choisi l’agence du Crédit mutuel de La Chapelle-d’Andaine du fait de sa proximité, et je trouvais que le mot mutuel avait une connotation sociale ». Alexandre Moumbaris rencontre alors une conseillère pour les formalités. « Comme je n’avais pas tous les documents, elle m’a dit de revenir, mais entre-temps, elle m’a téléphoné pour me faire part du refus de sa hiérarchie d’ouvrir ce compte. La raison invoquée étant liée à l’objet de notre association ». Un refus confirmé quelques jours plus tard par un courrier du service clientèle de la banque basé à Laval et qui a amené le président, en colère, a faire une lettre ouverte.
« Il y a beaucoup de mensonges dans ce qui a été raconté sur Staline quand il était au pouvoir et durant la guerre. C’est un communiste qui a fait un immense travail, villipendé par la presse bourgeoise et impérialiste, estime-t-il. Durant la guerre, ce n’est pas l’Union soviétique qui a occupé et humilié la France. Ce n’est pas elle qui a déversé des bombes sur les villes normandes durant le Débarquement avec 20 000 civils tués ».
Sachant que cette affaire allait être médiatisée, le Crédit Mutuel semblerait faire machine arrière. « En fin de semaine dernière, la même conseillère m’a recontacté pour m’informer que finalement je pourrai ouvrir ce compte. Mais, je pense que je vais choisir une autre banque » confie Alexandre Moumbaris.
« C’est un malentendu et une mauvaise interprétation du dossier de notre conseillère, affirme de son côté Thomas Deplace, chargé de communication au Crédit Mutuel Maine-Anjou/Basse-Normandie. Pour l’ouverture d’un compte, nous n’avons pas à juger de l’objet et du bien fondé ou non d’une association ». Directeur de la caisse locale du Pays fertois, dont dépend l’agence de La Chapelle-d’Andaine, Anthony Chedeville devrait recontacter le président de l’association d’ici peu.
Défendre la mémoire Colère Malentendu
*ANC (African National Congress), parti politique d’Afrique du Sud membre de l’Internationale socialiste, fondé en 1912 pour défendre les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche