Parlez-vous le décolonial ?
Racisme systémique
Dans la perspective décoloniale, ce racisme infligé par certaines institutions de l’État (police, justice, préfecture, logement) s’exprimerait à l’encontre des populations non blanches. L’antiracisme décolonial considère le racisme comme l’expression d’une domination d’un groupe sociopolitique sur des personnes marginalisées. Il s’oppose ainsi à la définition universaliste de l’antiracisme, qui considère que le racisme peut exister à l’intérieur de tous les groupes sociaux.
Blanchité
Définit une forme de domination blanche dans les sociétés occidentales. La « blanchité » ne serait donc pas la « blancheur » au sens biologique, mais la définition politique, sociale et culturelle d’une présence hégémonique de la culture blanche au sein de la société.
Racisation / racisés
Termes d’origine française, forgés en 1972 par la sociologue Colette Guillaumin, militante antiraciste et féministe matérialiste. S’éloignant de la vision « psychologique » du racisme (qui considère qu’il s’agit d’un réflexe de haine interpersonnelle), Guillaumin estime que le racisme est avant tout la conséquence de la domination d’un groupe majoritaire sur des groupes minoritaires. En Occident, les groupes minoritaires (non blancs) seraient donc victimes d’un processus de « racisation » par le groupe majoritaire (blanc).
Intersection na li té
Introduit par l’universitaire Kimberlé Williams Crenshaw en 1989, le terme« intersectionn alité» es tissu du militantisme afro-féministe. Cette notion affirme la nécessité de prendre en compte l’ensemble des paramètres qui s’appliquent à une situation de domination, comme la classe sociale, la race et le genre. Certains, au sein du mouvement décolonial, ne se reconnaissent pas dans l’ intersection na li té: l’ universitaire et militant afro-américain Tommy Curry, par exemple, s’y oppose, estimant que la race est un facteur bien plus discriminant que le genre.
Privilège blanc
Défini par l’universitaire américaine Peggy McIntosh, le « white privilege » est une sorte de « bagage » invisible porté par les personnes blanches qui leur conférerait un statut social privilégié. En Occident, les personnes blanches, considérées comme majoritaires, imposeraient une norme, même si cette dernière n’est pas ouvertement exprimée ou consciente. Dans cette approche, le « privilège blanc » expliquerait par exemple la confiance en soi plus importante chez les Blancs, leur plus grande réussite sociale.
Fragilité blanche
Cette expression fut introduite par l’universitaire américaine Robin DiAngelo en 2011 pour évoquer l’incapacité des personnes blanches à reconnaître leur racisme intrinsèque. Selon elle, les Blancs seraient gênés lorsqu’on parle de racisme, car prendre conscience de leur privilège leur serait insupportable. Leur « fragilité » les inciterait à refuser de reconnaître le racisme systémique, à adopter une logique de défiance et de déni face à la question du racisme, ou à se défendre de faire partie du problème
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