Emmanuel Macron
Monsieur Europe
De tous les candidats, Macron était le plus favorable à l’UE. Sa stratégie ? Obtenir l’indispensable rééquilibrage de la zone euro pour en faire enfin une « zone monétaire optimale » qui fonctionne au bénéfice de tous ses membres. Cela passe par le respect des règles, notamment budgétaires. Car il faudra bien convaincre l’Allemagne – et le reste de l’Europe du Nord – que la France est un partenaire fiable. Macron clame qu’il restera, pendant toute la durée de son mandat, sous les 3 % de déficit. D’où une stratégie budgétaire rigoureuse, fondée sur 60 milliards de baisse de dépenses publiques par an à partir de 2022, qu’on ne manquera pas, à sa gauche, de dénoncer comme le prolongement de l’austérité. Mais qui s’accompagnera, pour ne pas briser la reprise économique qui s’amorce, d’un plan d’investissement de 50 milliards sur la durée de son mandat.
En échange, le candidat entend demander la création d’un budget de la zone euro destiné à financer un grand plan d’investissement et à fournir une assistance financière aux pays frappés par un choc économique. Pour cela, un Parlement spécifique à la zone euro serait mis en place, notamment pour contrôler un ministre européen des Finances responsable du budget commun. Un nouveau saut dans l’intégration européenne qui s’accompagnerait de la reconnaissance d’un socle de droits sociaux. Macron veut par ailleurs promouvoir une préférence pour les entreprises européennes dans les marchés publics ; un contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques et des clauses sociales et environnementales dans les accords de libre-échange par la baisse prioritaire des tarifs sur les biens et services « propres ».
Des concessions qui ne seront possibles que si la France prouve qu’elle est capable de faire les réformes promises à ses partenaires, mais jamais appliquées. Macron veut transformer dès cet été le droit du travail par ordonnances pour décentraliser le dialogue social et permettre aux entreprises – avec l’accord des salariés – de s’adapter à leurs besoins spécifiques. Deux autres grands chantiers seront lancés à l’automne : une réforme de la formation professionnelle pour la recentrer sur ceux qui en ont le plus besoin (chômeurs) et celle de l’assurance-chômage pour élargir le nombre de bénéficiaires avec plus de contrôle de la recherche d’emploi. Pour redresser le système éducatif, il souhaite donner plus d’autonomie aux établissements et concentrer les moyens sur les élèves des zones les plus difficiles, dès la primaire, en divisant par 2 le nombre d’élèves par classe en CP et CE1. Un « effort massif » est promis en faveur de l’apprentissage. A plus long terme, un système unique de retraite serait mis en place pour tous les Français.
Autre chantier, la fiscalité. Le candidat veut supprimer en trois étapes la taxe d’habitation, exonérant 8 Français sur 10. Salariés et indépendants bénéficieront d’une baisse de charges sociales (250 €/an pour un smicard), compensée par une augmentation de la CSG, notamment sur les retraités qui ne bénéficient pas du taux réduit. Enfin, pour inciter à la reprise d’emploi, la prime d’activité sera revalorisée de 50 %.