Un algorithme aide police et gendarmerie, à partir de faits délictueux constatés, à prévoir les passages à l’acte. Reportage.
Des ordinateurs, des sorties papier de cartes, quelques graphiques punaisés aux murs… Le dispositif d’analyse prédictive de la gendarmerie nationale ne paie pas de mine. Il est pourtant l’un des projets les plus innovants mis en place par l’institution ces dernières années. Son but : utiliser les données de la criminalité passée pour prédire où, quand et dans quelles circonstances les prochains crimes et délits auront lieu.
A l’origine, il y a un constat, fait par toutes les polices du monde : celui de la répétition proche. « Parce que le choix d’un lieu d’infraction correspond à une évaluation – consciente ou non – du ratio coûts-avantages, les malfaiteurs ont tendance à revenir sur le lieu de leur forfait afin de l’exploiter au maximum. Après un cambriolage ou un vol de voiture, il y a ainsi de fortes chances qu’une nouvelle infraction soit commise dans un périmètre proche dans les jours qui suivent » , explique l’homme à l’origine du programme, le colonel Patrick Perrot, chef de la division analyse et investigations criminelles au sein du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale de Cergy-Pontoise. La maison des « Experts » français. Comme dans la série américaine, on y rencontre des spécialistes en explosifs, balistique, analyse ADN, toxicologie, entomologie, mais aussi en cybercriminalité et cyberterrorisme et en analyse stratégique. La cellule spécialisée dans la prédiction de criminalité se situe dans ce dernier département. Huit gendarmes – quatre mathématiciens, deux géomaticiens, deux informaticiens – y travaillent à plein-temps depuis 2014. Des « têtes » recrutées pour leurs compétences en statistiques, en économétrie et en intelligence artificielle.