LE MONSTRE CONTRE L’EMPEREUR
Expo. Depuis 2007, le Grand Palais invite un artiste à se confronter aux 13 500 mètres carrés de verrière et aux 35 mètres de hauteur de la nef du Grand Palais. Après Kiefer, Boltanski ou Kapoor, c’est Huang Yong Ping qui relève le gant de « Monumenta ». Pourquoi faut-il y aller ?
Parce que « Monumenta », pour une fois, c’est vraiment monumental : le squelette d’un serpent en métal de 254 mètres de longueur ondulant au-dessus de montagnes de conteneurs (305), un portique portuaire de 67 tonnes et, en équilibre précaire, le bicorne que Napoléon portait à Eylau agrandi 40 fois et pesant 4 tonnes.
Parce que c’est Huang Yong Ping : né en Chine en 1954, formidable brasseur de mythes où les animaux fantastiques disent les soubresauts de la globalisation et le choc des cultures. Son mot d’ordre : « Frapper l’Orient avec l’Occident, frapper l’Occident avec l’Orient. »
Parce qu’il y a du sens : on peut voir dans « Empires », selon le commissaire Jean de Loisy, un grand hub de « la violence que les échanges économiques de la mondialisation exercent sur l’humanité » , « la confrontation entre la gloire promise » (le chapeau impérial) et « la menace persistante » (la gueule de la bête), « l’allégorie d’une grande mutation » , pour Pascal Lamy, ex-patron de l’OMC, le squelette d’un serpent basilic de Harry Potter dans le port du Havre, dixit un écolier de 7 ans, ou, plus prosaïquement, un appel à la révolte, à ne plus vouloir avaler son chapeau, trop énorme pour qu’on s’y essaie « Empires », de Huang Yong Ping, jusqu’au 18 juin au Grand Palais.