Les ténors de la droite entre séduction et méfiance
Devant cette jeune garde anti-partis, les candidats à la primaire ouvrent de grands yeux tantôt admiratifs tantôt interrogatifs. Nicolas Sarkozy y est « très attentif » , selon son entourage. « Il voit une relève politique dans cette génération qui sait en quoi elle croit. Il ne partage pas toujours leurs positions, il le leur dit, mais le contact est établi. » François-Xavier Bellamy l’a vu à plusieurs reprises. « Bellamy sur l’éducation, Bock-Côté sur le multiculturalisme, ils invitent la classe politique à sortir de la lâcheté et à proposer aux gens une vision du monde » , s’enthousiasme Wauquiez. A l’heure où les candidats de la droite déclinent des programmes économiques identiques, ces intellectuels les obligeraient-ils à se démarquer dans le « combat » culturel ? « Ils rendent un service que les politiques ont oublié : ils prennent en charge l’angoisse du peuple, juge Bruno Retailleau, soutien de Fillon. François sait que, pour être élu en 2017, il faudra répondre à une angoisse économique, mais aussi à l’angoisse de la dépossession identitaire. » L’ex-Premier ministre n’a pas rencontré ces jeunes gens, mais se targue de « voir régulièrement » leur mentor Alain Finkielkraut. Tout comme Bruno Le Maire. Au moment de la réforme du collège, il a voulu échanger avec Bellamy « pour affiner sa position » . Seul Alain Juppé se tient à distance de cette « génération poil à gratter » , dixit Hervé Gaymard, chargé du projet juppéiste. Le député de Savoie parle d’un « positionnement intéressant » mais pointe « leur inquiétant complotisme » :« Quand vous leur parlez de l’Europe, des Américains, ils ont toujours un petit ricanement sceptique. » Preuve que leur place n’est pas non plus à droite ?