La CIA veille sur l’imam de la mosquée de San Diego, futur inspirateur des frères Kouachi.
Par une curieuse ironie du sort, c’est grâce à Mark Rossini et à ses collègues du FBI que la CIA a été mise sur la piste de Khalid al-Mihdhar et Nawaf al-Hazmi. Numéro deux de la section antiterroriste du FBI de New York, Mark Rossini a coordonné les investigations sur les attentats contre l e s a mb a s s a d e s américaines de Nairobi et de Dar es Salam (plus de 200 morts en août 1998). L’enquête a permis la découverte d’un numéro de téléphone, que le FBI transmet à la NSA et à la CIA. Le numéro se révèle capital : c’est celui du standard international d’AlQaeda, par où transitent toutes les communications du quartier général de Ben Laden en Afghanistan. Le standard est installé dans une maison située dans la banlieue de Sanaa, au Yémen, où vivent un proche de Ben Laden, sa femme, leur fille et leur gendre, qui n’est autre que Khalid al-Mihdhar. C’est ainsi que la CIA, mise sur sa piste et celle de son meilleur ami, Nawaf al-Hazmi, a pu les suivre jusqu’aux Etats-Unis.
Une fois sur le territoire américain, Khalid al-Mihdhar appelle régulièrement la maison de Sanaa pour avoir des nouvelles de sa femme, qui est sur le point Le 30 décembre 2009, un véhicule se présente au poste de contrôle de la base américaine Chapman, dans la province de Khost, en Afghanistan. A son bord, un cousin du roi de Jordanie, officier des services de renseignement jordaniens (GID), et Humam Khalil al-Balawi, un médecin jordanien qui dit être en contact avec la direction d’Al-Qaeda. Al-Balawi a été retourné par le GID en 2007. Sa mission : infiltrer Al-Qaeda au Pakistan. Il doit livrer al-Zawahiri, le numéro deux de l’organisation, contre 1 million de dollars. Mieux armée pour gérer ce type d’opération gourmande en moyens, la CIA mène la danse. Ce jour-là, l’agent double doit rencontrer pour la première fois cinq responsables de l’Agence. Alfreda Bikowsky (Jessica Chastain dans « Zero Dark Thirty », le film oscarisé de Kathryn Bigelow), la chef de l’unité Global Jihad de la CIA, est aux commandes. Pour rassurer l’agent double, elle accepte que les gardes de la base ne voient pas son visage et leur ordonne de laisser passer le véhicule sans le fouiller. Le comité d’accueil a préparé un gâteau : al-Balawi vient juste de fêter ses 32 ans. A peine sorti de la voiture, le médecin jordanien fait sauter la ceinture explosive dissimulée sous ses vêtements. L’explosion tue les deux Jordaniens, le responsable afghan de la sécurité de la base, deux contractants de la société privée Blackwater et cinq responsables de la CIA, venus accueillir celui qui, en fin de compte, était un agent triple d’Al-Qaeda